Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 1, Duprat, 1845.djvu/42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

palais, redoute les succès de son ministre ; il craint que Kou-Liang ne songe à le dépouiller de cette même couronne qu’il a posée sur la tête de son père. Parfois, les victoires remportées par Kou-Liang sur les troupes du descendant de Tsao sont si complètes, qu’il se sent arrivé à la réalisation de ses projets ; ses ennemis, stupéfaits, n’osent plus combattre ; le vainqueur envoie des habits de femme aux généraux des Ouei. Mais tout à coup, des signes dans le ciel annoncent au Tao-Ssé sa fin prochaine ; il sacrifie avec recueillement, et s’endort du dernier sommeil, au milieu des troupes, en disposant tout pour la retraite, devenue inévitable, en dictant ses derniers avis au roi de Tchou, qui a tant de fois méconnu ses services et arrêté sa marche ; calme, et sans douleur, il expire, ou plutôt se métamorphose en un de ces génies que les Chinois aiment à placer dans les régions supérieures, et auxquels ils élèvent des temples sur les montagnes.

Pendant cette lutte désespérée de la dynastie naissante, et déjà affaiblie des Han-postérieurs contre les fils de Tsao, héritiers par usurpation des premiers Han, Sun-Kiuen, souverain de Ou (du troisième royaume formé d’un débris de la monarchie ancienne), avait pris, lui aussi, le titre d’empereur ; il possédait la plus belle portion de l’Empire, à savoir, les provinces méridionales et les plaines arrosées par le Kiang. Le royaume de Ouei, dont le chef-lieu était la capitale du territoire chinois sous la précédente dynastie, renfermait une plus grande étendue de pays ; mais il lui manquait un climat tempéré, un sol fertile, des débouchés sur la mer. Quant à celui de Tchou (des Han-postérieurs), resserré entre ses deux puissants ennemis et les montagnes, relégué à l’ouest,