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le titre de Sun-Kiuen, et se regardait lui-même comme l’héritier direct de la famille dépossédée. Désormais réduit à faire à ses deux ennemis une guerre dangereuse, il débuta par de glorieux succès, éprouva des revers considérables, et revint s’enfermer dans une petite place forte pour y mourir de honte et de chagrin. Liéou expira en succombant sous le poids du fardeau qu’il s’était consciencieusement imposé, dans son ardent désir de ramener la Chine à son unité. Son fils, Liéou-Chen lui succéda sous le nom de Heou-Tchu ; il fut le second et dernier empereur de cette courte dynastie, à laquelle les historiens ont donné la dénomination de Han-postérieurs.

Le jeune Heou-Tchu avait pour guide et pour appui Kou-Liang, ministre de son père, dont les talents surnaturels triomphaient de tous les obstacles. Ce docteur Tao-Ssé est représenté par l’auteur du San-Koué-Tchy comme ayant à son service trois armes redoutables, souvent toute puissantes : la prière, la magie, la ruse, qui correspondraient peut-être à ce que les Chinois appellent les trois puissances, le ciel, la terre et l’homme. Six fois de suite, il descend des monts Ky-Chan pour envahir le territoire des Ouei, c’est-à-dire les domaines de l’usurpateur Tsao-Phy ; il va jusque chez les Tartares pousser de lointaines reconnaissances, expéditions curieuses, où des détails véridiques sur les mœurs et les habitudes des hordes du nord, se mêlent à des fables pareilles à celles que les Grecs répétaient en partant du pays des Scythes. À plusieurs reprises, des intrigues de cour rappellent Kou-Liang en deçà des monts, qu’il franchit si souvent avec des espérances fondées ; le faible roi de Tchou (Heou-Tchu, fils de Liéou-Pey), dominé par les eunuques du