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du pont-levis, il lui adressa une dernière requête ; le seigneur écouta le discours et continua sa marche en secouant la tête. Le mandarin coupa la corde et tomba mort à ses pieds… Voilà ce que les Chinois appellent épuiser le zèle jusqu’à la mort !

Bientôt Liéou-Pey se mit en possession de tout le Sy-Tchouen ; tour à tour allié et ennemi de Sun-Kiuen, roi de Ou, dont la position s’affaiblissait, et qui ne savait auquel des deux royaumes se rattacher, il attaqua Tsao-Tsao chaque fois qu’une conjuration découverte, en consolidant le pouvoir du ministre, le plaçait dans une situation plus voisine de l’autorité absolue. Ces guerres désastreuses dépeuplaient les provinces et causaient partout des famines ; de nombreuses armées traversaient incessamment les campagnes ; dans beaucoup de districts on ne savait à qui obéir. Ce fut au milieu de ces circonstances que Liéou-Pey, pressé par le docteur Kou-Liang, son premier ministre, par ses généraux et par ses mandarins, assailli de requêtes, de placets, de suppliques, céda aux vœux de sa petite cour, et se déclara roi de Tchou ; puis, quand Tsao-Phy fut monté sur le trône des Han, il lui fallut s’élever aussi haut que ce nouveau souverain pour combattre plus efficacement l’usurpation ; il prit donc le titre d’empereur. Cette résolution parut presque un crime à Liéou : tant que le monarque légitime, déposé, relégué dans l’exil, vivait encore, Liéou, allié à la famille des Han, conservait pour la dynastie un inaltérable respect ; mais, une fois qu’il se fut déclaré empereur, il assuma sur lui toute la responsabilité de son rôle ; on le vit refuser de faire alliance avec le roi de Ou contre l’usurpateur Tsao-Phy, parce qu’il ne reconnaissait pas