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Le roi des Han, qui lui reconnut de la capacité, lui donna un emploi assez considérable dans ses armées. Les anciens officiers murmuraient de ce qu’on leur préférait un étranger, un nouveau venu. Le roi les écouta avec bonté ; il fit venir Tching-Ping et lui dit : « Vous avez servi le roi de Goey et vous l’avez quitté pour vous donner à Pa-Wang, roi de Tsou ; à peine ètes-vous resté quelques mois sous ses drapeaux, que vous venez vous ranger sous les miens. Une pareille inconstance doitelle me donner de la confiance en vous ?

« Le roi de Goey, répondit Tching-Ping, ne récompense pas le mérite, parce qu’il n’a pas le talent de le discerner. Les liens du sang sont la seule recommandation auprès de Pa-Wang, à qui d’ailleurs on ne peut se fier. Vous seul, prince, savez employer chacun selon sa capacité

Je n’aurais pas accepté vos largesses, si j’eusse cru ne pas vous être utile ; je les ai mises sous le sceau pour être rendues à qui vous l’ordonnerez. Je ne veux pas accepter vos bienfaits si je ne les paie de ma personne… » Histoire générale de la Chine, tome II, page 461.


Ce Han-Sin, auquel il est fait allusion plus loin, fut nommé par Kao-Tsou, le premier des Han, général en chef des armées, l’an 206 avant notre ère.


L’usage de sceller le serment avec du sang a été connu chez beaucoup de peuples de l’antiquité, et il l’est encore d’un grand nombre de peuplades sauvages. En Europe même, dans les derniers siècles, on en retrouve quelques exemples ; le plus remarquable sera sans doute le suivant : Lorsque Henri III entra en Pologne pour prendre possession de ce royaume, il trouva à son arrivée trente mille chevaux rangés en bataille. Le général, s’approchant de lui, tire son sabre, s’en pique le bras, et, recueillant dans sa main le sang qui coulait de sa blessure, il le but, en lui disant : « Seigneur, malheur à celui de nous qui n’est pas prêt à verser pour votre service tout ce qu’il a dans les veines ; c’est pour cela que je ne veux rien perdre du mien. »


Le Ly-Sou est celui même qui a engagé Liu-Pou à égorger son premier père adoptif, Ting-Youen (page 58). Ce dernier est le même per-