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en exil dans une petite principauté où il lui fut permis de s’appeler encore prince et roi ! Roi sans cour, sans sujets, sans autorité !

Alors il y eut en Chine trois royaumes distincts : l’abdication de Hien-Ty supprimait l’empire ; à la dynastie régnant de droit sur toutes les provinces, se substituèrent trois familles royales, datant de la décadence des Han et de l’usurpation moins éclatante de Tsao-Tsao. Le fils de ce dernier commença la race des princes de Ouei ; l’histoire ayant refusé de les compter parmi les souverains de la Chine, aima mieux appeler interrègne le temps que ces puissants monarques occupèrent le trône.

De son côté, Liéou-Pey venait de restaurer à son profit l’ancien royaume de Tchou ; un seigneur indépendant l’avait appelé dans sa principauté pour lui en faire hommage. À cette offre séduisante, Liéou répondit d’abord par un refus ; il craignait que la postérité ne l’accusât d’avoir dépouillé l’hôte généreux qui l’accueillait dans ses malheurs. Toutefois, il se laissa convaincre par ses mandarins et par ses généraux, dont il servait l’ambition sans y prendre garde. Liéou s’avança donc vers le chef-lieu de la petite province ; de son côté, le seigneur, résolu à mettre sa principauté sous la domination du héros, se préparait à venir à sa rencontre ; de fidèles mandarins le priaient humblement de ne pas abdiquer sans raison un pouvoir acquis à force de périls, dans ces temps de guerres intestines ; mais il marchait gravement vers la campagne, et faisait ouvrir les portes à Liéou. L’un des mandarins, désolé de voir son maître sourd à toutes les remontrances, l’attendit au passage, sur la muraille ; et là, suspendu à une corde qui le maintenait droit au-dessus