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Nous redonnons ici, pour ceux qui n’aiment pas les traductions abrégées, ce passage un peu long et qui nous semblait ralentir le récit : « Cependant les huit commandants supérieurs rassemblent leurs troupes et délibèrent. Liu-Pou est un héros à qui personne ne peut tenir tête… Et déjà on vient annoncer que ce général victorieux redemande le combat. A la tête d’un groupe de cavaliers, la bannière au vent, il se précipite sur les lignes. Un officier aux ordres de Tchang-Yang s’élance au galop pour le combattre ; à la première attaque, Liu-Pou le renverse mort à bas de son cheval.

« Les huit généraux sont frappés de terreur ; un officier aux ordres de Kong-Yong s’avance et dit : Voilà dix ans que je suis comblé des bienfaits de mon maître, pourquoi ne risquerais-je pas ma vie pour acquitter la dette de la reconnaissance ? Kong regarde et reconnaît un de ses clients, un héros de sa division, nommé Wou-Ngan-Koué. Armé d’une masse de fer du poids de cinquante livres, ce guerrier vole au-devant de l’ennemi. Dix fois il croise le fer avec Liu-Pou, qui lui coupe l'avant-bras d’un coup de son cimeterre. Ngan-Koue laisse tomber sa masse et s’enfuit… Les huit grands chefs s’ébranlent à la fois et marchent au secours du héros blessé. Liu-Pou tourne bride et abandonne le champ de bataille.

« Tant de combats inutiles et même funestes livrés par les huit grands généraux sont enfin annoncés à Youen-Chao. Tsao-Tsao vient le trouver et lui dit : Liu-Pou est un brave, un guerrier sans rival dans l’empire. Réunissons les dix-huit corps d’armée et attaquons-le en masse. Avisons au moyen de nous débarrasser de cet adversaire trop dangereux ; une fois qu’il sera anéanti, nous aurons bon marché de Tong-Tcho.

« Ils parlaient encore quand on les vint avertir que Liu-Pou revenait à la charge. En avant les huit divisions, crie Youen-Chao… Déjà Liu-Pou a attaqué vigoureusement Kong-Sun-Tsan qui s’élance hors des rangs, en personne, et le menace de sa massue de fer. — Prends ta pique, lui crie Liu-Pou, viens, je t’attends… Ils luttent, et bientôt Sun-Tsan, tournant bride, revient précipitamment sur ses pas. Monté sur son cheval rouge qui semble avoir des ailes, sur son coursier rapide comme le vent, capable de parcourir cent milles dans un jour, Liu-Pou le poursuit, le presse de plus en plus… Déjà il va lui enfoncer sa pique dans le dos ; mais à côté de Sun-Tsan parait un chef aux yeux ronds, aux pru-