Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 1, Duprat, 1845.djvu/38

Cette page a été validée par deux contributeurs.

le premier ministre restait étendu sur un lit de douleur, une quatrième conjuration mit ses jours en péril. Ce fut pour lui l’occasion de multiplier les victimes à travers l’Empire, d’exercer les odieuses vengeances qui, aux yeux du peuple, changeaient le héros victorieux en tyran. À ces tourments de l’esprit s’ajoutèrent les fatigues de la guerre contre ses deux rivaux, Liéou-Pey et Sun-Kiuen ; quand parut ce dernier prodige d’un arbre divin, impossible à renverser, Tsao sentit les remords assiéger sa conscience ; de hideux spectres l’assaillirent, le harcelèrent chaque nuit, et il expira dans les angoisses de la peur. Son fils, Tsao-Phi, hérita d’abord du titre de roi de Ouei ; puis, bientôt, le pauvre empereur fut contraint d’accepter en fait cette usurpation simulée. Lui-même, il pria Tsao-Phi de s’asseoir sur le trône, c’est-à-dire qu’il céda aux instances des mandarins corrompus qui lui annonçaient, avec des menaces, l’apparition de présages, de signes effrayants, précurseurs de la chute irrévocable de la dynastie des Han. L’empereur ne croyait point à ces présages, qu’il feignit enfin de reconnaître ; Tsao-Phi refusait avec une fausse modestie d’accepter le sceptre convoité, que l’empereur lui offrait à son corps défendant, pour obéir aux ordres mal déguisés d’une cour vendue déjà au nouveau maître. De sa propre main, le dernier des Han rédigea l’acte, par lequel il se dépouillait du pouvoir et le remettait aux mains de l’usurpateur ; puis, après avoir assisté à la cérémonie imposante, qui revêtait le fils du ministre de sa propre splendeur et le déclarait pompeusement héritier des droits d’une famille a jamais déchue, Han-Hao-Hien-Ty, fils du ciel, maître absolu de l’empire du milieu, s’en