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laissé par lui comme un otage au sein de la capitale stupéfaite ; il a des poëtes qui célèbrent ses louanges, des flatteurs en foule qui exaltent sa magnanimité, ses vertus surhumaines. Le légitime souverain n’a plus qu’à lui conférer le titre et le rang de roi de Ouei ; ce titre royal sera héréditaire dans la famille de Tsao-Tsao, et, d’après l’usage dynastique, il choisit aussitôt celui de ses fils qui doit lui succéder. À partir de ce jour il s’entoure d’un cortège impérial, de tous les attributs de souverain de la Chine. Dans l’Empire il y a un royaume comme à la cour il y avait un ministre plus puissant que l’empereur ; les Han respirent encore, mais ils sont plongés dans un sommeil léthargique qui n’aura pas de réveil.

Au retour de cette guerre, fertile en épisodes, Tsao-Tsao voulut bâtir un palais digne de ses nouvelles grandeurs ; mais quand aucun mortel n’ose résister à ses volontés, les puissances surnaturelles se plaisent à lui tenir tête. Un arbre séculaire, emblème de la dynastie, qui dure depuis quatre cents ans, s’élève sur le lieu même où l’ambitieux ministre a juré de construire sa demeure ; il faut l’abattre. Les haches ne peuvent entamer l’écorce de l’arbre et volent en éclats ; une sainte terreur s’empare des ouvriers ; ils abandonnent un travail sacrilège ; à leurs yeux c’est une impiété d’attaquer par le fer ces racines vénérables. La colère, la rage troublent le cœur de Tsao ; sa raison s’altère ; il a des visions, il est dominé, vaincu par un pouvoir invisible !

Durant les cérémonies qui avaient accompagné son couronnement en qualité de roi de Ouei, un Tao-Ssé était venu, par ses prodiges, jeter la terreur dans l’âme de Tsao-Tsao ; une fièvre ardente se déclara, et tandis que