Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 1, Duprat, 1845.djvu/367

Cette page a été validée par deux contributeurs.

n’est qu’à ceux qui ont de grands talents qu’on doit accorder des postes si élevés. »


L’an 153 de notre ère, c’est-à-dire trente et un ans auparavant, ce même mandarin, Liéou-Tao, s’était rendu à la cour, suivi de plusieurs mille habitants, près de l’empereur Hiouan-Ty, pour obtenir de ce faible monarque la mise en liberté du ministre Tchu-Mou ; voici à quelle occasion : Le père de l’eunuque Tché-Tchang était au nombre des mandarins prévaricateurs qui se donnèrent la mort pour échapper au châtiment qui les menaçait par suite de leur mauvaise gestion. L’eunuque célébra ses funérailles avec un luxe inouï, au point qu’il se servit de boîtes en pierres précieuses qu’il n’était permis d’employer qu’aux obsèques des princes du premier ordre. Le ministre Tchu-Mou avait lui-même dénoncé les prévaricateurs ; indigné de voir Tché-Tchang insulter par ce faste à la misère publique, il fit ouvrir le tombeau du père de l’eunuque et en tira les richesses que celui-ci y avait enfermées, pour les employer à soulager le peuple. Tché-Tchang en porta plainte à l’empereur, qui donna ordre d’arrêter Tchu-Mou et de le conduire en prison. Ce fut alors que Liéou-Tao vint intercéder en faveur du ministre intègre, et il présenta un placet si digne, si noblement écrit, que l’empereur non seulement fit mettre Tchu-Mou en liberté, mais encore le rétablit dans tous ses emplois. C’était le même service que Tchin-Tan cherchait à rendre à Liéou-Tao.


Cet usage de mener les soldats à coups de fouet ou de bâton, dont on trouve tant de traces dans le San-Koué-Tchy, n’était pas inconnu au reste de l’Asie. Hérodote et Xénophon parlent de ce moyen de discipline militaire employé chez les Perses ; c’est de là sans doute qu’il s’est introduit dans les pays les plus septentrionaux de l’Europe. Il est à remarquer cependant que les Chinois blâment cet usage barbare.


L’auteur de la description de la Chine s’étend beaucoup sur la construction des greniers publics dans le Céleste Empire, au chapitre XV de son ouvrage si habilement compilé. Sous les trois premières dynasties, l’état percevait le dixième du produit des terres, et, selon le père Cibot,