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premier, celui-ci était un usurpateur, aux yeux du second, un antagoniste trop redoutable qui menaçait d’anéantir le petit royaume de Ou.

Telle était la position du prince, qu’aucun de ses parents n’avait la permission de l’approcher ; il écrivit secrètement une lettre à Liéou-Pey, et cette missive, d’où dépendait le sort de la dynastie, un eunuque éprouvé se chargea de la remettre aux mains du héros. Le fidèle esclave accepte comme une faveur ce dangereux message… C’est dans sa longue chevelure qu’il cache la lettre impériale. Au moment où il franchit le seuil du palais, Tsao, qui a des soupçons, paraît aux portes, suivi de ses trois mille hommes de garde. L’eunuque, arrêté à l’instant, est fouillé avec soin ; sa missive ne se trouve ni dans sa ceinture, ni dans la doublure de soie de sa tunique… Miraculeusement échappé au péril, l’esclave court, court si vite que le vent fait tomber son bonnet ; il porte la main à sa tête… Ce geste involontaire l’a trahi ! De nouveaux supplices épouvantent la capitale ; l’impératrice, arrachée des bras de son époux, est étranglée sous ses yeux.

Pris en flagrant délit de conspiration contre son premier ministre, l’empereur attend avec angoisse que les sbires viennent l’égorger jusque dans la chambre du Dragon. Mais Tsao modère sa fureur ; il craint de soulever les populations par un crime inutile ; n’est-il pas assez vengé en laissant le prince couler des jours amers dans sa prison dorée ? L’attitude menaçante du roi de Ou, Sun-Kiuen, et de Liéou-Pey, devenu indépendant, l’oblige à se mettre de nouveau en campagne. Dans cette guerre Tsao-Tsao est plus empereur que le monarque tremblant,