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au milieu de leurs invocations, la figure du chef de leur secte ou celles de leurs divinités. D’autres ordonnent à leur pinceau d’écrire de lui-même, et ce pinceau, sans qu’on y touche, trace aussitôt sur le papier la réponse aux demandes et aux consultations qui ont été faites. Tantôt ils font paraître successivement, sur la surface d’un bassin rempli d’eau, toutes les personnes d’une maison ; ils y font remarquer, comme dans un tableau magique, les dignités futures auxquelles seront élevés ceux qui embrasseront leur secte.

« Le chef des Tao-Ssé est toujours décoré par le gouvernement de la dignité de grand mandarin, et réside dans un bourg de la province de Kian-Sy, où il habite un riche palais. La confiance superstitieuse des peuples y entretient un grand concours ; on s’y rend de toutes les provinces. Les uns y viennent pour solliciter des remèdes à leurs maux, les autres pour pénétrer dans l’avenir et faire consulter les sorts sur leurs futures destinées. Le docteur céleste distribue à tous des billets remplis de caractères magiques, et ils s’en retournent satisfaits, sans regretter ni la fatigue ni les dépenses qui sont la suite de ce pieux pèlerinage. »

Dans ces prestiges des Tsao-Ssé, on retrouve en grande partie ceux qui sont en usage chez les Samoyèdes, en Laponie, au Japon ; on y reconnaît aussi les évocations auxquelles se livrent les harvis de l’Égypte, et les jongleries célèbres des sorciers de l’Inde.

La véritable doctrine de Lao-Tseu est clairement exposée dans la traduction savante du Tao-Té-King, de M. Stanislas Julien, et dans le livre des Récompenses et des Peines, dont on doit la version française à cet habile professeur.


Les mages se vantaient aussi de calmer les tempêtes et d’apaiser les orages en offrant à la mer et aux vents des sacrifices accompagnés de cérémonies magiques. Dans ce passage, le texte mandchou, plus explicite que le texte chinois, dit : « S’il parlait aux vents et à la pluie, les vents et la pluie lui obéissaient aussitôt en soufflant et en tombant. »


Le texte mandchou développe encore cette phrase et dit : « Tchang-Kio n’avait qu’à coller (le long des maisons) des papiers sur lesquels il avait écrit des paroles magiques, faire boire de l’eau (consacrée), lire les formules tracées sur les papiers, la maladie cédait aussitôt. »