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Les Tao-Ssé, ou disciples du philosophe Lao-Tseu, jouent un grand rôle dans le San-Koué-Tchy. Le Tao-Té-King, dont on doit la traduction à M. le professeur Stanislas Julien, contient tout l’exposé de la doctrine du maître ; c’est à ce précieux ouvrage qu’il convient de renvoyer le lecteur désireux de connaître à fond le système philosophique du saint docteur qui vint au monde six siècles avant notre ère. Quant aux pratiques de ses disciples, voici ce qu’en dit l’abbé Grosier dans sa description de la Chine :

« Les disciples de Lao-Tseu altérèrent dans la suite la doctrine qu’il leur avait laissée. Comme l’état passif, le calme parfait de l’âme auquel ils voulaient parvenir était sans cesse troublé par la crainte de la mort, ils publièrent qu’il était possible de trouver la composition d’un breuvage qui rendît l’homme immortel. Cette idée folle les conduisit d’abord à l’étude de la chimie, ensuite à la recherche de la pierre philosophale, et bientôt ils se livrèrent à toutes les extravagances de la magie. Le désir et l’espérance d’éviter la mort par la découverte de ce précieux breuvage attirèrent une foule de partisans à la nouvelle secte ; les grands, les particuliers riches, les femmes surtout, naturellement plus curieuses et plus attachées à la vie, furent les plus empressées à s’instruire de la doctrine des disciples de Lao-Tseu. La pratique des sortiléges, l’invocation des esprits, l’art de prédire l’avenir en consultant les sorts firent des progrès rapides dans toutes les provinces. Les empereurs eux-mêmes accréditèrent l’erreur par leur crédulité, et bientôt la cour fut remplie d’une foule innombrable de ces faux docteurs auxquels on avait décerné le titre honorable de tien-ssé, docteurs célestes.

« Les Tao-Ssé actuels sacrifient à l’esprit qu’ils invoquent trois sortes de victimes ; un cochon, une volaille et un poisson. Les cérémonies dont ils font usage dans leurs sortiléges varient selon l’imagination et l’adresse de l’imposteur qui les opère. Ceux-ci enfoncent un pieu en terre, ceux-là tracent sur le papier des caractères bizarres… Un grand nombre de ces Tao-Ssé font le métier de devins. Quoiqu’ils n’aient jamais vu celui qui vient les consulter, ils l’appellent d’abord par son nom, lui font le détail de toute sa famille, lui disent comment sa maison est située, combien il a d’enfants, leur nom, leur âge, et d’autres particularités qu’ils ont l’adresse de savoir d’ailleurs. Quelques-uns de ces devins, maîtres dans l’art des prestiges et des tours de subtilités, font apparaître en l’air,