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Tsié et Ouang-Wou, que les juges décrétèrent de prise de corps, et ils en donnèrent avis à l’impératrice… De son côté, Téou-Wou lui présenta un nouveau placet par lequel il la sollicitait de prévenir les troubles que les eunuques étaient sur le point d’exciter.

Un des gardes de la porte, ayant découvert qu’il se tramait quelque chose contre eux, en donna avis à Tchu-Yu qui était de ses amis. Cet eunuque ayant été sur-le-champ dans l’appartement de l’impératrice, y vit le placet de Téou-Wou qu’il saisit adroitement, et, après l’avoir lu, il le remit à sa place sans que cette princesse s’en aperçût. Tchu-Yu, furieux contre Tchin-Fan et Téou-Wou, jura leur perte, et dans le trouble où la lecture de ce placet l’avait jeté, il disait… que ces grands dignitaires avaient formé avec l’impératrice le complot de détrôner l’empereur. Kong-Pou, un de ses amis, lui fit sentir l’imprudence de ces propos, et lui dit qu’il fallait prendre des mesures pour parer le coup terrible qu’on voulait leur porter. Dès la même nuit, ils s’assemblèrent, au nombre de dix-sept, dans un endroit écarté du palais. Là, après s’être juré de se soutenir mutuellement, ils en firent le serment le plus solennel en buvant du sang, suivant l’ancienne coutume. Ils déterminèrent encore, dans cette assemblée nocturne, de supposer un ordre de l’empereur qui déclarerait Tchin-Fan, Téou-Wou et leurs adhérents coupables de trahison et qui les condamnerait à mourir. Pour l’exécution de ce complot, ils devaient avoir des troupes prêtes à les secourir en cas de besoin.

Dès le lendemain matin, Tsao-Tsié proposa à l’empereur de venir dans la salle du trône pour lui voir faire l’exercice du sabre dans lequel il excellait. Ce jeune prince, qui aimait beaucoup ces sortes de divertissements, s’y rendit avec sa nourrice et les autres femmes du palais. Les eunuques avaient eu soin de fermer toutes les portes et de faire entrer dans l’intérieur des gens armés. Après avoir fait asseoir l’empereur sur son trône, ils firent écrire sur une tablette un ordre supposé qui donnait le commandement de la garde du palais à Ouang-Fou… et portait qu’il irait au tribunal des crimes arrêter les académiciens inculpés pour les mettre à mort sur-le-champ.

Les eunuques coururent en tumulte à l’appartement de l’impératrice et lui enlevèrent le sceau de la régence ; ils conduisirent ensuite cette princesse au palais du midi, où ils l’enfermèrent. Ce complot fut exécuté avec tant de promptitude, que tous ceux à qui on en voulait furent arrêtés, à l’exception de Tchin-Fan et de Téou-Wou qui firent quelque résistance. Cette scène se passa, tandis que Tsao-Tsié amusait le petit