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parla au nom d’un souverain séquestré par ses ordres, l’usurpateur qui commande, tout en paraissant obéir au pouvoir établi, conserve sur ses adversaires un immense avantage. Si les grands le redoutent, le peuple n’a rien à craindre de lui ; à mesure qu’il se rapproche du trône, l’ambition de ses partisans s’éveille ; ils voudraient pousser leur maître à usurper le rang suprême afin de s’élever eux-mêmes aux premiers emplois. Tsao hésite encore ; que lui manque-t-il ? Il domine tout ce qui est au-dessous de lui, et même le seul personnage au monde qui possède une autorité supérieure à la sienne, l’empereur ! Placé entre le trône, qu’il éclipse, et les mandarins, agenouillés à ses pieds, il a bien aussi des tentations de saisir le sceau de jade, mais il lutte, et la cour, habile à pressentir ces changements possibles, soit qu’elle les redoute ou les désire, s’émeut tout à coup. Une troisième conspiration, une seconde conjuration de palais s’ourdit contre le ministre.

L’empereur en est le chef ; il a donné ses pleins pouvoirs à l’un des grands officiers de la couronne, frère de l’impératrice ; cette fois le secret du complot n’est pas trahi ; trop peu de partisans dévoués restent au dernier des Han, pour qu’il ait trouvé hors de sa famille, des amis à qui confier ses projets ; d’ailleurs n’est-il pas captif dans son palais ; comment ferait-il un appel à ses fidèles mandarins ? Tout l’espoir du souverain nominal reposait sur le sincère attachement de Liéou-Pey à sa personne, et sur l’ambition de Sun-Kiuen, roi de Ou ; c’est-à-dire qu’il n’avait à opposer au ministre, prêt à lui enlever le sceptre, que les deux puissants chefs de parti, ennemis irréconciliables de Tsao ; aux yeux du