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malade, dit, en voyant les blessures nombreuses : « Ce n’est rien, dans un mois je l’aurai guéri. »

Déjà Sun-Tsé, content de voir son ami hors de danger, avait envoyé des soldats châtier les rebelles des montagnes, et toute la rive méridionale du fleuve fut bientôt pacifiée. À chaque défilé il plaça des troupes ; car déjà il comptait sous les drapeaux, dans la contrée soumise, environ cent mille hommes aguerris. Les magistrats civils, les plus distingués d’entre les généraux, se rallièrent tous fidèlement à sa cause. Alors, il pensa à ceux qui étaient contemporains de son père, et il les fit tous avancer de deux grades. D’un côté il écrivit une lettre à l’empereur, et de l’autre il fit alliance avec Tsao. Un courrier fut expédié aussi à Youen-Chu pour lui redemander le sceau impérial ; mais celui-ci, qui songeait intérieurement à prendre le titre d’empereur, ne donna que des réponses évasives et se garda bien de rendre ce précieux gage ; au lieu de cela, il se mit à délibérer avec ses trente mandarins et généraux. Parmi ses conseillers, on comptait son premier secrétaire, Yang-Ta-Tsiang ; les inspecteurs des provinces, Tchang-Siun, Ky-Ling et Kiao-Souy ; les généraux de première classe, Louy-Pou, Tchin-Lan et d’autres.

« C’est avec les soldats empruntés à ma propre armée que Sun-Tsé a conquis tout le pays au sud du Kiang, leur dit-il ; il compte cent mille hommes sous ses drapeaux ; je voudrais le détruire, mais comment faire ? » Le premier secrétaire, Yang, répondit : « Le jeune ambitieux s’appuie sur un fleuve profond, il a trop de soldats, il est trop bien approvisionné pour qu’il y ait moyen de rien entreprendre contre lui. » Et Youen-Tchu s’écria : « J’en veux à Hiuen-Té pour m’avoir attaqué sans motif, et je me vengerai. — Eh bien ! répliqua Yang, si vous voulez vous défaire de cet ennemi, je vous en donnerai le moyen ; seulement, je ne sais si vos nobles intentions seront d’accord avec ce que je propose. »


fin du tome premier