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qu’on lui apprit que son frère Sun-Kiuen et Tchéou-Tay, chargés de garder la ville de Hiuen-Tching, venaient d’être surpris par les brigands de la montagne. Au milieu de la nuit, Tay avait enlevé Sun-Kiuen sur son cheval dans ses bras ; mais serré de près par dix soldats ennemis, il s’était vu contraint de mettre pied à terre. Sans cuirasse, sans armes défensives, rien qu’avec le secours de son sabre, il avait pu renverser les rebelles. Un de ceux qui le poursuivaient à cheval, l’ayant harcelé à coups de lance, allait mettre la main sur lui ; mais Tchéou-Tay l’avait à son tour renversé, et devenu maître de l’arme et du coursier, semant sur sa route une longue trace de sang, il venait enfin d’enlever Sun-Kiuen. Les bandits fuyaient de tous côtés ; couvert de vingt blessures, Tchéou-Tay arrivait au camp de Sun-Tsé, prêt à rendre l’âme par suite des coups dont il était criblé.

Sun-Tsé se troubla à la vue du héros expirant, et l’un de ses officiers, Tong-Sy (qui venait de se rallier à sa cause), lui dit : « Je n’ai aucun talent, mais dans le temps où je combattais contre les pirates, je fus blessé de plusieurs coups de flèches, et un mandarin de Oey-Ky, Yu-Fan, me procura un médecin qui me guérit en quinze jours. — Cet homme, n’est-ce pas celui qu’on appelle Yu-Tchong-Kiang ? — C’est lui-même. » Aussitôt Sun le fit appeler, lui donna le grade de promoteur aux emplois et le pria d’amener son médecin pour soigner les blessures de Tchéou-Tay ; lui-même, à la tête de ses troupes, il alla rendre visite à ce brave officier qui avait sauvé son frère.

Enfin, le mandarin Yu-Fan, amené par Tong-Sy, vint dans la ville de Hiuen-Tching se présenter à Sun-Tsé, qui lui dit : « Je n’oserais traiter un habile docteur comme un petit mandarin, et je désire aujourd’hui même me trouver avec lui. »

Yu-Fan introduisit le médecin ; il avait les cheveux longs comme un adolescent, mais d’une entière blancheur ; sa démarche était majestueuse comme celle d’un homme qui s’est élevé au-dessus des passions humaines. Né dans le Pey-Koué, à Tsiao-Kiun, il exerçait la médecine à l’est du fleuve Kiang et se nommait Hoa-To (son surnom Youen-Hoa). Ce docteur, traité avec égards par Sun-Tsé, et prié par lui d’aller voir le