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retraite vers Yu-Hang, Yen-Pé-Hou, qui se frayait la route le sabre à la main, se vit serré de près par un chef de village nommé Ling-Tsao et contraint de se sauver à Oey-Ky. Ling-Tsao vint avec son père se présenter au vainqueur. Sa physionomie avait une expression distinguée ; Sun leur donna à tous les deux un grade dans son armée.

À la tête de ses troupes, Sun-Tsé traversa le fleuve ; Pé-Hou, qui avait rassemblé les rebelles des deux côtés d’un gué, à l’ouest, essuya une seconde défaite à la suite d’une rencontre avec Tchang-Pou, et n’échappa qu’à la faveur des ténèbres en fuyant vers Oey-Ky. Le commandant de cette place, Wang-Lang, avait voulu le secourir, mais quelqu’un lui fit observer que d’une part l’équité et l’humanité régnaient dans l’armée victorieuse, tandis que Pé-Hou n’avait avec lui que des brigands indisciplinés ; il valait donc mieux qu’il s’emparât du fugitif pour le livrer à Sun-Tsé, obéissant ainsi aux volontés d’en haut. Lang refusa de suivre ce conseil peu généreux, et celui qui l’avait donné, Yu-Fan[1], voyant cette détermination, retourna chez lui en soupirant.

Le fugitif et son allié réunirent leurs troupes à Chan-Yn ; là, attaqués par toute l’année de Sun-Tsé divisée en deux corps, ils furent complètement battus. Wang-Lang se sauva du côté de la mer et Pé-Hou dans Yu-Hang. Un soldat, nommé Tong-Sy[2], qu’il avait trouvé dans sa route et accueilli de grand cœur sous sa tente, le tua pendant qu’ils buvaient ensemble, et mit à mort une dizaine des siens ; après cet exploit il vint trouver Sun-Tsé. Cet homme se faisait remarquer par sa haute taille, sa figure était large et sa bouche énorme ; il reçut le grade de commandant de cavalerie.

Tout le pays à l’est du Kiang se trouvant pacifié, Sun-Tsé en confia la garde à son oncle Sun-Tsing. Lui-même revint avec ses troupes à Ou-Kiun, dont il nomma Tchu-Tchy gouverneur militaire. À peine était-il de retour dans les provinces orientales

  1. Son surnom Tchong-Kiang ; il était de Yu-Yao, dans la province de Oey-Ky, où il occupait un petit emploi.
  2. Il était de la même ville que Yu-Fan ; son surnom Youen-Tay. — Il s’était rallié à Pé-Hou avec quelques soldats.