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Ou-Tching, que Han-Tang, vainqueur, menaçait déjà. Sun-Tsé la cernait par eau et par terre. Enfin, après trois jours de siège, il mena ses troupes près des portes et fit signe qu’il voulait parlementer.

Du haut des murs, un des lieutenants de Yen-Pé-Hou prit de la main gauche un bouclier, et de la droite il montra par raillerie le pied des remparts. Aussitôt Tay-Ssé, qui était là à cheval, prit une flèche, la plaça sur la corde de l’arc en criant : « Regardez, je vise la main gauche de ce bandit ! » Et la flèche, traversant la main gauche de l’officier, alla se fixer dans le bouclier.

Sur le mur et au pied des murs, dans les deux armées, ce furent des cris désordonnés. Tous les assiégés emmenèrent dans la ville leur chef blessé pour le secourir. « En vérité, s’écria Yen-Pé-Hou frappé d’épouvante, il y a dans cette armée qui nous assiège un archer d’une habileté surnaturelle ! » Et aussitôt il songea à sauver sa vie en faisant la paix. Le lendemain, il envoya son autre frère Yen-Yu au camp de Sun-Tsé, qui le fit entrer sous sa tente et le régala de son mieux.

Au milieu du festin il tira son sabre, et d’un coup vigoureusement appliqué, fendit du haut en bas le siège sur lequel Yen-Yu était assis ; celui-ci tomba de frayeur. « C’est une plaisanterie, dit Sun-Tsé, n’ayez pas peur. » Et il lui demanda quelles étaient les intentions de son frère. « Le partage des provinces à l’est du Kiang, répondit Yu ; voilà ce qu’il veut. »

Ces propositions exaspérèrent Sun-Tsé. « Quoi ! s’écria-t-il, ce stupide animal qui ne sait où fuir ose m’offrir de pareilles conditions ! »

Yen-Yu se leva tout effrayé de la colère de Sun-Tsé ; mais celui-ci le frappa si rudement de son sabre qu’il l’abattit au moment où il voulait sortir, et sa tête, coupée d’un second coup, fut envoyée dans la ville.

Pé-Hou, ne sachant que devenir, quitta les remparts et prit la fuite. Sun le poursuivit ; son lieutenant Hwang-Kay fit Wang-Tchang prisonnier. L’intrépide Tay-Ssé, se jetant dans la ville, monta le premier sur les remparts et y tua à coups de flèches le chef de la garnison ; dès lors tout le canton fut pacifié. Dans sa