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pendant. — À quoi peuvent servir les avis d’un général vaincu ? répondit Tay-Ssé.

— Jadis Han-Sin a interrogé Kwang-Wou dans des circonstances analogues, dit Sun-Tsé ; je demande les conseils dictés par l’humanité, me les refuserez-vous ? — Liéou-Yao vient d’être ruiné, dit Tay-Ssé ; ses troupes n’ont pas d’affection pour lui. Si elles se dispersent, il ne peut guère en rassembler d’autres ; laissez-moi aller près de lui pour le rallier à vous, ce sera un faible service rendu à Votre Excellence, et j’attends sa réponse. »

— Cet avis est le mien, » répondit Sun-Tsé en s’agenouillant, et il fit promettre au prisonnier de revenir près de lui avec la réponse de Liéou-Yao.

« Il ne reviendra pas, » disaient les généraux quand le captif fut parti, et Sun-Tsé leur parlait en vain de la réputation d’équité et de bonne foi dont jouissait le prisonnier dans la province de Tsing-Tchéou ; ils ne voulaient pas y croire. Le lendemain ils furent convaincus, lorsque Tay-Ssé reparut devant les retranchements avec mille hommes : son arrivée fut un triomphe pour Sun, et tous les officiers avouèrent qu’ils avaient mal jugé cet homme loyal.

Dès lors, se voyant à la tête de dix mille soldats, Sun-Tsé arrive à l’est du fleuve Kiang, tranquillise et console le peuple et la multitude ; de toutes parts on se soumet à lui. La population de la contrée le nomma désormais Sun-Lang.

Il est vrai que son armée n’était pas là, et, quand elle parut, tous les habitants furent épouvantés ; tous les magistrats abandonnant les villes s’enfuirent dans les montagnes. Mais ces soldats, soumis à une bonne discipline, n’osèrent sortir du camp pour aller piller ; rien ne fut volé dans les maisons ; aussi bientôt la population se montra de nouveau ; chacun s’empressait d’emmener et d’apporter en présents, à l’armée victorieuse, des bestiaux et du vin. En échange, Sun-Lang donna de l’argent et des étoffes ; le peuple enchanté, abandonna le désert où il était allé chercher un asile.

Parmi les vieux soldats de Liéou-Yao, ceux qui reprirent du