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légèrement au pied gauche et le fit tomber de cheval. Ses généraux le transportèrent dans sa tente pour lui prodiguer des soins ; on arracha la flèche et on versa dans la plaie quelque chose qui en hâta la guérison.

Cet incident fit naître dans l’esprit de Sun-Tsé l’idée de répandre le bruit de sa mort ; ses troupes poussèrent des cris lamentables. « Levons notre camp, dit-il aux généraux, retirons-nous en ordre ; l’ennemi nous poursuivra, et des troupes embusquées sur la route s’empareront de la personne même de Youay-Ly. » Ce plan fut adopté ; au milieu de la nuit, on décampa ; les deux chefs assiégés, Youay-Ly et Tchang-Yng, croyant à ce faux bruit de la mort du jeune héros, mirent en mouvement, cette nuit-là même, les troupes enfermées dans la ville, et se lancèrent dehors avec elles à la poursuite de l’armée qui se retirait. Les divisions embusquées derrière le camp se démasquèrent en masse, et le général blessé cria lui-même à haute voix : « Sun-Tsé n’est pas mort ! » Ce cri sema l’épouvante parmi les soldats qui le poursuivaient ; tous ils jetèrent bas les armes en demandant grâce ; ils se prosternaient aux pieds du vainqueur ; celui-ci ordonna de leur laisser la vie sauve.

Arrêté dans sa fuite, Tchang-Yng, qui avait lui-même blessé Sun, fut renversé et tué par Tchin-Wou ; un autre général, Tchin-Hong, périt d’une flèche que lui lança Tsiang-Kin, et Youay-Ly mourut au milieu de ses troupes révoltées. Tout le long du chemin, Sun-Tsé encourageait le peuple à se soumettre et à reprendre ses travaux. Les troupes victorieuses arrivèrent jusqu’à King-Hien et y attaquèrent l’intrépide général Tay-Ssé, qui, faisant un appel aux plus braves, réunit bientôt deux mille hommes avec lesquels il résolut de venger la défaite de Liéou-Yao.

Ce que voulait Sun-Tsé, c’était prendre vivant ce formidable adversaire, et il s’entendit avec son lieutenant Tchéou-Yu. Celui-ci enveloppa la ville de trois côtés, laissant aux assiégés la porte de l’est pour qu’ils pussent se retirer. Sur les trois routes qui conduisaient à la ville, il y eut des soldats embusqués à la distance de quelques milles ; on espérait que Tay-Ssé, arrivé là avec