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une cinquantaine de têtes. Dès lors les portes de la ville ne s’ouvrirent plus, les assiégés n’osèrent plus faire de sorties.

Tandis que Sun-Tsé serrait la place de près, il apprit par des éclaireurs que Liéou-Yao, réuni à Tseu-Yong, marchait sur la ville de Niéou-Tchu. Cette nouvelle le transporta de colère, et aussitôt, à la tête de sa grande division, il courut au-devant de l’ennemi. Les deux armées se rencontrèrent près de la ville. « Me voici, crie Sun-Tsé à Liéou-Yao et à Tsou-Yong qui s’élancent hors des rangs ; me voici, rendez-vous ! » De derrière Liéou-Yao, il voit un guerrier du nom de Kan-My galoper vers lui la lance au poing. Après une courte lutte, Sun l’enlève et l’entraîne vivant, sur son cheval, vers ses bataillons. Un autre guerrier, Fan-Neng[1], se précipite avec sa pique contre le général qui se retire emmenant son prisonnier, et menace de le percer par derrière. « Prenez garde, crie une voix du milieu des rangs, Sun-Tsé, une lance va vous frapper, détournez-vous ! » Sun se détourne, il voit Fan-Neng sur ses talons et l’épouvante tellement avec sa voix de tonnerre, que celui-ci tombe à bas de son cheval et roule mort dans la poussière.

Arrivé sous les murs de la ville, Sun-Tsé lâche Kan-My qu’il avait fait prisonnier ; mais celui-ci était mort pendant que le vainqueur l’entraînait. Tuer un général en l’entraînant ainsi, tuer un autre général rien que par le bruit de sa voix, c’est renouveler les exploits de Pa-Wang lui-même ! Liéou-Yao et Tseu-Yong éprouvèrent une grande défaite ; plus de la moitié de leurs soldats déposa les armes ; les vainqueurs coupèrent des têtes par milliers.

Les deux chefs vaincus s’enfuirent près de Liéou-Piao, gouverneur de Yu-Tchang ; plus tard, s’étant réfugiés dans des montagnes où ils vivaient de brigandages, la population se souleva contre eux et les massacra.

Sun-Tsé étant allé ensuite attaquer la ville de Mo-Ling, s’approcha des fossés, et cria à Youay-Ly de venir se soumettre ; du haut des murs Tchang-Yng lui lança une flèche qui le blessa

  1. Ce sont des lieutenants de Liéou-Yao, cités plus haut.