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esclave échappé à travers la contrée qu’il venait de parcourir avec la pompe d’un conquérant.

Cependant une nouvelle conjuration se forme contre lui dans la capitale ; les parents des mandarins qui ont péri dans le premier complot se réunissent pour abattre le tyran, l’ennemi commun de toutes les grandes familles de l’Empire. Un jeune courtisan épris de la concubine de l’époux de sa propre sœur, rêve aux moyens de posséder celle qu’il aime. La belle esclave surprend le secret de son maître, qui est entré dans la conjuration, et va tout raconter à son amant. Celui-ci court révéler à Tsao-Tsao le danger dont il est menacé ; le supplice des coupables dégage la jeune fille des liens qui lui pèsent. Pour toute récompense, le traître demande au ministre d’épouser l’esclave infidèle. « C’est pour une femme, lui répond Tsao-Tsao avec un sourire de mépris, que tu as causé la mort de l’époux de ta sœur ! Que ferais-je de l’homme qui a commis un tel crime ? — Rien… » Et il fit décapiter l’amant avec sa maîtresse. Les vengeances nouvelles, exercées par le ministre tout-puissant sur les conjurés, ont eu pour effet de remettre les armes aux mains des mécontents ; à la tête de cette ligue imposante reparaît Liéou-Pey. Plus de cent familles illustres et proscrites avaient cherché un refuge hors des limites de l’Empire, et bientôt vingt mille Tartares se réunissent pour servir la cause représentée par un chef de la dynastie des Han. L’ancienne capitale, la ville de Tchang-Ngan, tombe au pouvoir des rebelles, l’étoile de Tsao pâlit ; il éprouve tant de revers qu’on le croirait perdu. Mais au milieu de ses défaites, le ministre qui se maintient au cœur de l’Empire divisé en trois royaumes, qui