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la peine de le vaincre, lui dit-il, laissez-moi cet honneur, général. » Et il sort des lignes. « Tu n’es point mon égal, lui crie Tay-Ssé, tu n’es pas un digne adversaire pour moi ; dis à ton maître qu’il vienne. »

Transporté de colère, Tching se précipite sur lui la lance en arrêt ; la lutte se prolonge… Mais Liéou-Yao fait sonner la retraite.

Ce rappel exaspéra Tay-Ssé. « J’allais prendre ce brigand, s’écria-t-il ; pourquoi faire cesser le combat ? » Liéou-Yao lui apprit qu’une nouvelle lui était arrivée, et la voici : « Tchéou-Yu est parti avec ses troupes pour se rendre maître de Kio-Ho. Un homme de cette ville, nommé Tchin-Wou (de Song-Tsé dans le Lou-Kiang, son surnom Tseu-Lie), lui en a livré les portes. Ainsi, toute ma propre famille est prisonnière. Il faut en grande hâte aller à Ling-Ling prendre les troupes de Hoai-Ly et de Tso-Yong pour tâcher de ressaisir la place. »

Tay-Ssé se retira avec les soldats de Liéou-Yao, sans que Sun le poursuivît ; et comme il tenait son monde renfermé dans le camp, son premier secrétaire, Tchang-Tchao, lui dit : « Tchéou-Yu est maître de Kio-Ho ; Liéou n’a plus de cœur à combattre, il recule, cette nuit faites une attaque et enlevez-lui son camp. » Le conseil plut à Sun-Tsé ; cette nuit-là, avec son armée divisée en cinq corps, il envahit les retranchements de Liéou-Yao et met ses soldats en déroute, si bien qu’ils fuyaient au hasard.

Après avoir fait des prodiges de valeur, Tay-Ssé, resté à peu près seul, s’enfuit avec une dizaine de cavaliers et se jeta, à la faveur des ténèbres, dans la ville de King-Hien. Pendant ce temps, Liéou-Yao allait se réfugier dans Mo-Ling, en compagnie d’un conseiller militaire du nom de Hu-Tseu-Tsiang. Un général de première classe, du nom de Tchin-Wou, passa encore dans les rangs de Sun-Tsé ; c’était un guerrier de haute taille, au visage jaune, aux yeux rouges ; tout son aspect causait la surprise. Rempli d’admiration à la vue de ce personnage extraordinaire, Sun-Tsé le nomma général et lui donna l’avant-garde à commander. Quand son armée attaqua Hoay-Ly, Tchin-Wou se précipita avec dix cavaliers dans les lignes et coupa