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donna le rang de généraux dans l’avant-garde ; maître de toutes les provisions et de tous les objets d’équipement entassés tant à Niéou-Tchu qu’à Té-Kou, il se vit à la tête de quatre mille hommes et marcha en hâte sur Chen-Ting.

Cependant, furieux de la défaite de son général Tchang-Yng, Liéou-Yao l’eut fait décapiter sans les remontrances de ses deux conseillers. Pour arrêter l’ennemi qui le menace, il va camper au pied de la colline de Chen-Ting, du côté du midi. Au versant septentrional de cette même colline s’élèvent les retranchements de Sun-Tsé. Celui-ci apprit d’un homme du voisinage que le temple élevé à la mémoire du grand empereur Kwang-Wou (le treizième de la dynastie des Han) se trouvait bien, comme il le croyait, sur le sommet de la petite montagne ; mais l’édifice tombait en ruines et personne n’y offrait plus de sacrifices.

« Cette nuit, dit aussitôt le jeune héros, le défunt empereur m’est apparu en songe ; il faut que j’aille le prier dans le temple. — N’en faites rien, répliqua son premier secrétaire Tchang-Tchao ; l’ennemi campe de l’autre côté de la colline ; si vous alliez donner dans une embuscade ? — L’âme de l’empereur Kwang-Wou m’est apparue ; c’est un heureux augure ; que pourrais-je craindre ? »

Après cette réponse, Sun-Tsé revêt sa cuirasse, prend son casque, ceint son glaive et s’élance à cheval, la lance au poing. Ses généraux le suivent au galop ; ce sont Tching-Pou, Hwang-Kay, Han-Tong, anciens lieutenants de son père Sun-Kien ; Tsiang-Kin et Tchéou-Tan, ses fidèles compagnons ; derrière eux marchent douze à treize cavaliers. Sorti du camp, Sun-Tsé gravit la colline ; arrivé au temple, il met pied à terre, brûle des parfums et s’incline à plusieurs reprises. Après ces cérémonies, il s’agenouille et fait la prière suivante : « Si je puis, moi, Sun-Tsé, fonder un royaume indépendant à l’est du Kiang, continuer la glorieuse carrière que mon père m’a tracée, je jure de relever ce temple détruit et d’y offrir des sacrifices aux quatre saisons de l’année. »

Cette prière achevée, ce vœu prononcé, il sort du temple et remonte à cheval, et, se tournant vers ses généraux, il leur ex-