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paix à l’est du Kiang. L’autre, Tchang-Hong (son surnom Tseu-Kang), versé dans l’intelligence des quatre livres de Kong-Fou-Tseu et des cinq ouvrages classiques, profondément instruit dans toute espèce de littérature, s’est réfugié aux mêmes lieux pour fuir les troubles du siècle. Pourquoi ne pas les inviter à se rallier au parti que vous voulez former[1] ? »

Un messager fut envoyé vers ces deux sages, et comme ils se refusaient à quitter leur solitude, Sun-Tsé lui-même se rendit près d’eux. Il passa tout le jour à s’entretenir avec ces hommes supérieurs dont les paroles coulaient comme la source qui sort du flanc d’un rocher. Au premier, Sun-Tsé accorda les titres de premier secrétaire et de conseiller supérieur chargé de veiller à la direction de l’armée ; au second, il donna le rang de conseiller militaire et de moniteur en chef de sa cour future.

La résolution fut prise immédiatement dans une première assemblée d’aller déposséder Liéou-Yao[2] (son surnom Tching-Ly) ; chassé de sa province par Youen-Chu, il occupait à l’est du Kiang la ville de Kio-Ho. Déjà deux commandants (Hoai-Ly de Fang-Tching et Tso-Yong de Hia-Pey) venaient à son secours. Averti que Sun-Tsé, après avoir traversé le fleuve, rassemblait ses forces à Ly-Yang, Liéou-Yao réunit son conseil ; là se trouvaient Fan-Neng, Tchin-Hong, Kan-My et Tchang-Yng.

« Sun-Tsé est un général de cavalerie légère dangereux à affronter, dit Fan-Neng. — Laissez-moi conduire ma division à Niéou-Tchu, répliqua Tchang-Yng ; notre armée comptera un million de soldats. Ne craignez donc pas que l’ennemi nous aborde. »

Et tout à coup une voix l’interrompit en criant : « Donnez-moi l’avant-garde à commander ! » Celui qui parlait ainsi était un officier du nom de Tay-Ssé (son surnom Tseu-Y, de Hwang-

  1. Le premier était de Pang-Tching ; le second de Kwang-Ling.
  2. Arrière-petit-fils des Han, dont le nom de famille était Liéou. Ce Liéou-Yao, né à Méou-Ping, dans le Tong-Lay, avait pour père l’ancien ministre d’état, Liéou-Tchong ; son frère aîné, Liéou-Tay, gouvernait le Yen-Tchéou. Yao lui-même avait été jadis gouverneur du Yang-Tchéou.