Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 1, Duprat, 1845.djvu/332

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son air est imposant, distingué ; dans son esprit il y a assez de capacité pour embrasser à la fois le ciel et la terre. Dans sa pensée, il y a toutes les ressources dont un héros a besoin pour pacifier l’Empire et établir l’ordre parmi le peuple. Né à Chu-Tching dans le Lou-Kiang, cet homme s’appelle Tchéou-Yu (son surnom Kong-Tsin). Il descendait de Tchéou-King, ministre sous les Han ; son père, Tchéou-Y, avait été gouverneur de Lo-Yang. Au temps où Sun-Kien attaqua le tyran Tong-Tcho, il s’était retiré à Chu-Tching : Tchéou-Yu étant du même âge que Sun-Tsé, ils se traitaient tous les deux comme frères ; seulement ce dernier, plus vieux de deux mois, avait sur son ami le droit d’aînesse. La famille de Yu habitait près de la grande route, du côté du midi, dans une grande maison ; là, Sun-Tsé et lui vivaient sous le même toit ; celui-ci venait régulièrement rendre ses devoirs à la mère de son ami. Ce n’était, à vrai dire, qu’une même maison ; une intimité fraternelle unissait les deux jeunes gens. L’oncle de Yu, Tchéou-Chang, étant gouverneur de Tan-Yang, il allait lui faire une visite quand Sun-Tsé le rencontra.

Après s’être salués amicalement et interrogés réciproquement sur leurs familles, Tchéou-Yu dit à Sun-Tsé : « Mon plus grand désir est de me dévouer à votre service, de me joindre à vous dans une si importante entreprise (265). — Avec un homme comme vous, répliqua Sun-Tsé, je ne puis manquer de réussir dans mes projets. »

Aussitôt Sun-Tsé présente son ami à Tchu-Tchy et à Liu-Fan ; ils délibèrent ensemble ; Tchu et Fan sont au comble de la joie. « Écoutez, dit Yu, vous voulez fonder un état indépendant ; pour réussir, il faut que vous connaissiez deux sages qui habitent à l’est du fleuve Kiang. — Et quels sont ces hommes si nouveaux pour moi ? demanda Sun-Tsé.

— L’un est Tchang-Tchao (son surnom Tseu-Pou) ; éminent par son savoir, habile écrivain, il excelle dans l’art de connaître le langage des astres et les mystères de la terre ; il a refusé de se rendre près de Tao-Kien (l’ancien vice-roi de Su-Tchéou) qui l’appelait dans sa petite cour ; voilà pourquoi il est allé vivre en