CHAPITRE VI.
I.[1]
[Année 196 de J.-C] Cependant Youen-Chu se trouvait à Chéou-Tchun, au milieu d’un banquet offert aux officiers de son armée, quand on lui annonça que Sun-Tsé revenait victorieux d’une expédition contre Lou-Kang (gouverneur de Lou-Kiang). Le jeune héros fut immédiatement admis à présenter ses hommages à Youen-Chu qui l’interrogea sur ses succès et le fit asseoir auprès de lui.
Après la mort de son père (tué sur les bords du fleuve Han), Sun-Tsé s’était retiré à Kiang-Nan. Là, mettant de côté tout orgueil, il avait honoré les sages et tendu la main aux lettrés. Des raisons particulières l’ayant ensuite forcé de quitter cette résidence[2], il s’en alla habiter Kio-Ho avec sa mère, ses frères et toute sa famille ; plus tard, il se rallia à Youen-Chu, qui l’aimait beaucoup, et disait souvent : « Si j’avais un fils comme lui, je mourrais content. » Commandant des troupes de Hoai-Y, il battit d’abord le général en chef du King-Hien, appelé Tsou-Leang. À son retour de cette expédition, Youen-Chu, distinguant ses mérites, l’avait envoyé contre Lou-Kang, et il venait de remporter encore une glorieuse victoire.
Ce jour-là, après le festin, il retourna à son camp, douloureusement affecté de ce que Youen-Chu ne l’eût pas logé dans son palais. Des pensées de tristesse assiégeaient son cœur. La