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Pendant la première entrevue, Liu-Pou raconta tout ce qui s’était passé dans le banquet. « Je n’ai point enlevé votre ville par force, lui dit-il ; votre jeune frère, Tchang-Fey, pris de vin, y commettait des meurtres, et je suis venu tout exprès pour secourir les habitants. — Je vous crois, répondit Hiuen-Té ; d’ailleurs, il y a longtemps que je voulais vous céder la possession de Su-Tchéou. »

Il s’éleva entre eux une lutte de générosité plus sincère du côté de Hiuen-Té que de celui de Liu-Pou. Enfin, après le repas, ils se séparèrent, et Hiuen-Té retourna à Siao-Pey où sa famille était rendue déjà.

Liu-Pou lui envoya des vivres et des étoffes précieuses en présents et le nomma premier magistrat de Yu-Tchéou. Dès lors le passé étant oublié, la plus grande harmonie régna entre eux, malgré l’inimitié que Kouan et Fey nourrissaient encore contre Liu-Pou ; mais Hiuen-Té leur disait : « Je dois rester dans la ligne du devoir, je dois m’humilier, attendre l’heure marquée par le ciel, et ne pas me mettre en désaccord avec ses décrets. »