Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 1, Duprat, 1845.djvu/319

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

titre de prince de Y-Tching-Ting et de vice-roi de Su-Tchéou ; une note secrète lui dictait ce qu’il avait à faire ensuite.

Mais déjà Hiuen-Té, instruit du nouvel établissement de la cour à Hu-Tou, faisait ses dispositions pour envoyer complimenter l’empereur lorsqu’on lui annonça un courrier du palais. Il sort de son hôtel pour le recevoir, le fait entrer poliment dans la ville, et prend de ses mains, avec respect, la missive impériale. Après ce cérémonieux accueil, Hiuen-Té fait préparer un banquet pour traiter dignement l’envoyé de la cour.

« Tsao-Tsao, le premier ministre, dit celui-ci, vous a chaudement recommandé à Sa Majesté, et voilà pourquoi vous avez tout d’abord obtenu ces hauts grades. » Et comme Hiuen-Té lui témoignait toute la reconnaissance dont il était pénétré, le mandarin lui communiqua la note secrète sans quitter son siège.

« Voilà une affaire qui demande à être mûrement examinée, » répondit Hiueu-Té après en avoir pris connaissance. À la suite du banquet, quand l’envoyé se fut retiré dans, l’hôtel des postes où un logement lui avait été assigné, il assembla son conseil[1]. « Liu-Pou est un ingrat, dit Tchang-Fey, on peut le tuer sans scrupule. — Il est venu se jeter dans mes bras, répondit Hiuen-Té ; le tuer serait une indigne trahison. »

Et il congédia son ami qui se retira en répétant : « Les hommes de bien réussissent rarement. »

Le lendemain, de bonne heure, on annonça l’arrivée de Liu-Pou ; Hiuen-Té l’ayant fait entrer, celui-ci dit qu’il était venu pour le féliciter des nouvelles faveurs dont l’empereur l’avait comblé. « Je viens d’en être instruit, ajouta-t-il, et je me suis empressé de vous présenter mes hommages. » Mais Tchang-Fey était descendu dans la salle, le sabre en main, avec le désir d’assassiner Liu-Pou, qui, voyant Hiuen-Té se précipiter sur son frère adoptif pour le retenir, s’écria tout épouvanté : « Pourquoi en voulez-vous à mes jours ? — Parce que, répondit Fey, Tsao a dit que tu es un traître, et il a ordonné à notre frère aîné de te mettre à mort.

  1. On y voyait figurer My-Tcho, My-Fang, Kien-Yong, Sun-Kien et ses deux frères d’adoption, Kouan-Kong et Tchang-Fey.