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CHAPITRE V.


Loyauté et résignation de Hiuen-Té.


I.[1]


[Année 196 de J.-C.] Hu-Tchu prit la parole et dit : « Je demande cinquante mille hommes de bonnes troupes pour aller couper la tête de Hiuen-Té et celle de Liu-Pou. » Sun-Yo convint qu’un héros comme Hu-Tchu devait proposer des moyens énergiques, mais il valait mieux recourir à la ruse. « La nouvelle capitale, dit-il, est à peine établie, on ne peut pas songer à une seconde campagne. J’ai un projet, c’est d’employer la ruse qui fait que deux tigres se dévorent.

« Voyons, expliquez-vous, dit Tsao. — Je compare ces deux ennemis, reprit le conseiller, à deux tigres affamés qui cherchant une proie, descendent en même temps de la montagne ; ils se rencontrent et s’attaquent infailliblement. Dans cette lutte, l’un des deux périt et celui qui reste est facilement exterminé. Aucun appel direct n’a été fait encore à Hiuen-Té, bien qu’il soit de fait seigneur de Su-Tchéou. Que notre général lui fasse au nom de l’empereur une invitation de se rallier à sa cause et le confirme en même temps dans sa principauté ; à cette déclaration que l’on joigne l’ordre secret d’assassiner Liu-Pou. S’il réussit, Hiuen-Té, resté seul, sera bientôt entre nos mains ; s’il échoue, ce sera Liu-Pou au contraire qui le tuera. Voilà ce qu’on appelle les deux tigres qui s’entre-dévorent. »

Ce projet fut adopté par Tsao, qui envoya à Hiuen-Té le grade de commandant militaire des provinces orientales avec le

  1. Vol. I, liv. III, suite du ch. VIII, p. 124 du texte chinois.