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fit entrer ses troupes dans la ville, et alla trouver l’empereur : « Sire, lui dit-il, la capitale de l’est est un pays depuis longtemps abandonné, où il ne faut pas songer à s’établir de nouveau ; de plus, il est difficile d’y faire arriver des vivres ; votre sujet se décide à transférer la cour à Hu-Tou, près de Lou-Yang. Cette ville a des murailles, des édifices publics, des vivres, des provisions abondantes ; y transporter le siége de l’Empire, telle est la résolution irrévocablement prise par votre sujet. »

Quand ils entendirent ces mots : « Votre Majesté est priée de monter sur son char, » les magistrats gardèrent le silence, tant la puissance de Tsao leur inspirait de crainte. Le départ s’effectua ce même jour, et on fit un peu de chemin ; mais, à peine arrivé devant Kao-Lin, le cortège fut arrêté par les cris que poussaient les troupes de Yang-Fong et de Han-Sien, prêtes à lui barrer la route.

« Où conduisez-vous l’empereur ! cria Hu-Hwang. » Et Tsao s’élança au-devant de lui ; en voyant ce guerrier à la taille noble et imposante, il demeura frappé d’une secrète admiration, et détacha Hu-Tchu pour le combattre. La lutte commence, le glaive et la hache se heurtent dans cinquante attaques successives. Mais Tsao a sonné la retraite pour faire cesser ce combat à forces égales, et rallier ses soldats ; chacun rentre dans ses retranchements. Là, il assemble le conseil et demande un moyen d’attirer dans son parti le redoutable champion qui fait sans doute la force de ses deux adversaires. Un homme se présente, c’est Man-Tchong, ancien ami de Hu-Hwang ; il répond d’amener celui-ci sous les tentes.

Aussitôt, déguisé en simple soldat, il se glisse dans le camp ennemi, traverse les lignes et arrive devant la tête de celui qu’il cherche ; il le trouve couvert de son armure complète. Étonné de la visite, Hwang regarde l’étranger qui, le saluant avec la plus grande politesse, demande comment se porte son ancien ami.

L’officier réfléchit longtemps ; il regarde et répond enfin : « N’êtes-vous pas Man-Tchong (surnommé Pé-Ning), du Chan-Yang ? — Lui-même. — Et quel objet vous amène ? — Écoutez :