Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 1, Duprat, 1845.djvu/312

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mais où sont les rebelles Ly-Kio et Kouo-Ssé ? — En quelque endroit qu’ils se trouvent, tigres sans griffes, oiseaux sans ailes, ils ne peuvent vous échapper, illustre général, et ne doivent vous donner aucun souci. » Alors, voyant que les paroles de Kong-Jin semblaient s’accorder avec ses propres pensées, Tsao lui adressa des questions sur l’état présent des affaires.

Celui-ci répondit : « Vainqueur des insurgés avec les troupes fidèles levées dans votre province, placé à la cour comme ministre, vous voilà au faîte de la puissance, et comme l’égal des cinq grands vassaux de l’antiquité. Mais, parmi les généraux subalternes, chacun a son ambition, et certainement tous ne se soumettront pas. Aujourd’hui donc, si vous restez ici à occuper près du prince la charge de ministre, les troubles ne s’apaiseront pas dans le reste de l’Empire ; il y a un moyen, c’est de transférer la cour à Hu-Tou. Répandez la nouvelle d’un prochain départ, et tout le peuple attendra avec bonheur cette époque comme celle du retour de la tranquillité. Cette réintégration du prince à Lo-Yang n’a pas apaisé les discordes ; c’est en faisant des choses extraordinaires que l’on acquiert des mérites extraordinaires aussi. Général, c’est à vous de méditer de grandes choses et de les accomplir. »

« Telle est aussi ma pensée, répondit Tsao en serrant les mains de Kong-Jin avec un sourire ; mais Yang-Fong est à Ta-Liang et je suis à la cour : comment entamer des négociations à la fois au dedans et au dehors, conduire mon entreprise ici et là ? — Rien de plus facile, reprit Kong-Jin ; écrivez à Yang-Fong une lettre pour le rassurer, et quand les grands demanderont quels sont vos motifs pour émigrer encore, vous répondrez que la capitale manque de vivres, qu’il faut transférer la cour à Hu-Tou, plus près du Lou-Yang, d’où l’on peut tirer des approvisionnements ; qu’avec la disette disparaîtra le mécontentement des peuples. Dites cela aux grands, et cette nouvelle les réjouira tous. »

« Je promets de suivre au plus tôt votre avis, répondit Tsao avec empressement ; si je me trompe dans ma conduite, remettez-moi sur la voie, et soyez assuré de ma profonde reconnais-