Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 1, Duprat, 1845.djvu/310

Cette page a été validée par deux contributeurs.

darins civils et militaires ; le mieux serait de déposer la lance, de délier la cuirasse et de se soumettre en implorant le pardon du passé. »

« Insolent qui osez éteindre mon ardeur, s’écria Ly-Kio avec colère ! » Et il ordonna à ses officiers de décapiter Kia-Hu. Mais tous les généraux supplièrent leur chef de se calmer ; cette même nuit, Kia-Hu se sauva à cheval loin du camp où sa vie était menacée.

Le jour suivant, Ly-Kio risqua la bataille ; trois cents cavaliers commandés par Hu-Tchu, Tsao-Jin et Tien-Wei enfoncèrent les lignes des rebelles en trois endroits, et bientôt les deux armées furent en présence. Les deux fils aînés de Ly-Kio (Ly-Sien et Ly-Pié) s’avancèrent pour commencer l’attaque ; Tsao avait à peine demandé le nom de ces chefs inconnus que Hu-Tchu, volant à leur rencontre, avait décapité Ly-Sien d’un coup de sabre. Son frère Ly-Pié fut si épouvanté qu’il tomba de cheval en sortant des lignes, et il eut le même sort. Le vainqueur rapporta dans les rangs les têtes des deux frères ; personne du côté des rebelles n’osa le poursuivre.

« Vous êtes le héros du siècle, s’écria Tsao en lui frappant sur l’épaule. » Et à la tête de la division du centre il chargea l’ennemi. Heou-Tien commandait l’aile gauche, Tsao-Jin l’aile droite ; au bruit du tambour, les trois corps de l’armée impériale donnant à la fois, les rebelles furent mis en pleine déroute. Tsao lui-même, le glaive en main, guidait ses soldats. Au milieu de la nuit, la lance du vainqueur poursuivant les fuyards brillait, rapide comme l’étoile filante, comme la flamme de l’incendie.

Pareils au chien qui a perdu son maître, au poisson sorti du filet rompu, les deux chefs rebelles, avec les débris d’une armée réduite des deux tiers, se sauvèrent du côté de l’ouest. Cette fois aucune maison ne se fut ouverte pour les recevoir, et ils se cachèrent dans les montagnes.

Tsao-Tsao tenait ses troupes rassemblées hors des murs ; le service éminent qu’il venait de rendre à l’empereur par sa victoire inquiétait Yang-Fong et Han-Sien. « Tout le pouvoir passera entre ses mains, disait le premier ; quel cas fera-t-il de