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puisse réaliser ses projets et soumettre tous les rebelles à la domination impériale. En vain il cherche à les affaiblir l’un par l’autre ; ses deux adversaires comprennent qu’ils doivent rester unis pour résister. À peine Sun-Tsé, fondateur du royaume de Ou, a-t-il péri assassiné, que son frère Sun-Kiuen monte sur le trône, s’y affermit par des victoires, et organise les flottes nombreuses qui lui assurent une supériorité marquée dans les batailles navales dont le San-Koué-Tchy aime à raconter les détails. La monarchie indépendante qui s’est formée dans les provinces méridionales reste établie. Au milieu de ces agitations renouvelées, Liéou-Pey a reparu ; il soutient contre le premier ministre devenu usurpateur, de grands combats dans lesquels la fortune se tourne contre lui. Une désastreuse retraite nous montre ce héros, ce chevaleresque descendant des Han, au milieu des populations désolées qui s’obstinent à le suivre et refusent de l’abandonner ; Liéou supplie ses partisans de le laisser périr, mais ses soldats et ses généraux, plus fidèles encore à leur chef malheureux, se surpassent eux-mêmes par de merveilleux exploits. Quelle que soit la position de Liéou-Pey, il a toujours son auréole de gloire ; il est d’autant plus grand qu’il apparaît plus seul dans ces provinces tourmentées par l’anarchie. Toutes les vertus antiques se sont réfugiées en lui, et quand il s’est un peu remis de ses défaites multipliées, c’est presque à son corps défendant qu’il accepte une principauté où il puisse se cacher avec les siens ; il lui répugne d’usurper même le gouvernement d’une seule ville à cette dynastie des Han qu’il reconnaît toujours, bien qu’il puisse l’absorber en lui ; car il en est le dernier rejeton, il la représente seul, de-