Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 1, Duprat, 1845.djvu/308

Cette page a été validée par deux contributeurs.

une parole ; tout à coup un homme arrivant au grand galop se prosterna près du char ; c’était l’envoyé qui revenait de Chan-Tong.

« À qui sont ces soldats ? demanda le prince. — Sire, répondit le mandarin, ce sont ceux que Tsao amène avec lui de sa province ; il accourt pour défendre Votre Majesté. Instruit de la nouvelle attaque des deux généraux rebelles, il a détaché en avant-garde Heou-Tun a la tête de dix divisions formant ensemble une armée de cinquante mille soldats choisis ; ce premier corps a pris les devants pour protéger votre auguste personne. »

Ces nouvelles ramenèrent le calme dans l’âme de l’empereur ; aussitôt parut à ses yeux Heou-Tun, suivi de deux généraux, Hu-Tchu et Tien-Wei. Ils accoururent vers le souverain pour lui présenter leurs respects, et, s’excusant de ce que leur armure ne leur permettait pas de s’agenouiller devant son auguste personne, ils se mirent à crier : Vive l’empereur ! tout debout, selon l’usage des armées. « Vos chevaux sont harassés, répondit le prince, mais je n’en ai pas d’autres à vous donner.

— Sire, dit Heou-Tun, Tsao, instruit de l’attaque des deux chefs rebelles, nous a envoyés en avant pour vous arracher de leurs mains. » Et tout à coup les mandarins de la suite ayant annoncé qu’une armée débouchait par la route de l’est, le prince tomba dans une terreur qui le rendit immobile comme une statue. Heou-Tun partit au galop pour reconnaître ces troupes si subitement arrivées, et, revenant près de l’empereur : « Que Votre Majesté se rassure, lui dit-il, c’est Tsao qui paraît avec son infanterie. »

Aussitôt d’autres officiers, d’autres généraux parurent qui vinrent saluer le prince, et il demanda leurs noms. « Ce sont le cousin de Tsao, Tsao-Hong et les deux lieutenants Ly-Tien et Yo-Tsin, répondit Heou-Tun. — Mais votre général lui-même vient-il ? » reprit l’empereur en s’adressant aux nouveaux venus. Hong expliqua à Sa Majesté que Tsao-Tsao, dans la crainte que l’avant-garde ne pût résister seule aux forces des rebelles, l’avait envoyé, lui et sa division, soutenir ce premier corps.