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de génie. Prendre en main la cause de l’humanité et de la justice et rallier autour de soi les héros du siècle, c’est faire briller sa vertu. Ces trois grands résultats, vous pouvez les atteindre. Les personnages distingués de notre époque, disséminés sur toute la surface de l’Empire, ne peuvent rien faire ; quels que soient leurs projets de soumission ou de révolte, si l’ordre n’est pas rétabli au plus vite, les plus braves, les plus éminents d’entre eux sentiront l’ambition s’éveiller dans leurs cœurs ; un jour ils vous causeront de graves inquiétudes et il sera trop tard pour les arrêter. »

Tsao accueillit avec joie ce conseil, et il voulait déjà se mettre en marche avec ses troupes quand arriva la lettre de l’empereur. Il reçut l’envoyé à l’hôtel des postes, l’y traita avec égards, et ils firent route de compagnie. Une multitude d’affaires accablait le souverain dans la capitale. Les murs tombaient en ruines ; il voulait les relever, mais les moyens lui manquaient, et à ces perplexités vint se joindre la nouvelle de l’arrivée des deux chefs rebelles, Ly-Kio et Kouo-Ssé. En proie à de nouvelles frayeurs, le prince demandait conseil à Yang-Fong. » Dans quelles inextricables difficultés me suis-je plongé ! disait-il ; le mandarin envoyé dans le Chan-Tong ne revient pas. Ne vaudrait-il pas mieux aller nous jeter dans les bras de Tsao que de l’attendre ici ! »

Yang-Fong et Han-Sien allaient marcher au-devant de l’ennemi, mais Tong-Tching (oncle maternel de l’empereur) faisait remarquer le peu de solidité des remparts, et avec un si petit nombre de soldats armés de cuirasses, la victoire était plus que douteuse. Dans le cas présumable d’une défaite, où irait-on se réfugier ? Et comme on annonçait l’approche de l’ennemi, l’empereur et l’impératrice furent obligés de remonter sur les chars. Tching les escorta sur la route de Chan-Tong. Faute de chevaux, la cour suivait à pied ; mais à une petite portée de trait au delà des murs, tout l’horizon parut rempli d’une poussière qui obscurcissait le ciel. Le bruit des tambours et des gongs ébranlait les airs, une innombrable armée s’avançait. Frappés de terreur, l’empereur et l’impératrice ne pouvaient articuler