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Tong, provinces en dedans et à l’est du fleuve Ho) envoyèrent à l’empereur, celui-ci des étoffes de soie, celui-là des grains. Ce fut à leurs dons généreux que le souverain dut de ne pas mourir.

Enfin, comme il n’y avait plus à craindre pour les jours de Sa Majesté, Tong-Tching et Yang-Fong détachèrent de leur armée des travailleurs chargés de rebâtir le palais incendié de Lo-Yang. Ramener la cour à la capitale de l’est, était le vœu de ces deux généraux ; et comme Ly-Yo s’opposait à ce dessein, Tching lui dit : « Lo-Yang, la capitale de l’est, est le véritable siège d’un empereur ; Ngan-Y (Kiay-Tchéou) est une ville trop petite pour abriter le souverain et la cour ; je vais prier Sa Majesté de retourner à Lo-Yang, il le faut. — Allez, si bon vous semble, faire cette demande, répondit Ly-Yo, mais je persiste à rester ici. » Chacun s’obstina dans son opinion.

Déterminé par les raisons qu’alléguait Fong-Tching, l’empereur se mit en route pour la capitale de l’est. Mais Ly-Yo appela à lui les deux généraux rebelles (dont la soumission n’était guère sincère), et, de concert avec eux, il résolut d’enlever encore la personne du prince. De leur côté, les trois chefs restés fidèles (Tong-Tching, Yang-Fong et Han-Sien), instruits de ces dispositions, mirent leur armée en mouvement durant la nuit, et dirigèrent le souverain, en l’escortant dans sa marche clandestine, vers le passage de Ky-Kouan. Déjà Ly-Yo s’était précipitamment jeté sur leurs traces. À la quatrième veille, arrivé au pied du mont Ky-Chan, à gauche du passage, il criait au cortège : « Arrêtez, Ly-Kio et Kouo-Ssé sont ici ! »

Quand l’empereur entendit cet ordre, il frissonna de tous ses membres. Sur la montagne brillaient de grands feux ; les troupes impériales demeuraient interdites.