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reprit Ly-Kio (avec une humilité hypocrite), s’il le dirige, la terre entière est à nous. » Et avec leurs troupes réunies ils se mirent à piller, à saccager les campagnes, laissant un désert derrière eux.

De leur côté, Yang-Fong et Tong-Tching, avertis de l’approche des rebelles, s’avancèrent à leur rencontre, et un grand combat fut livré à Tong-Kien. Kouo-Ssé et Ly-Kio se dirent : « Cessons nos querelles et combattons à outrance. L’ennemi a peu de troupes, nous en avons beaucoup ; la victoire est assurée pour nous. » Le premier commandait la division de droite, le second celle de gauche ; leur armée remplissait la montagne, couvrait la plaine. Les deux généraux de l’empereur se battirent vigoureusement sur les deux côtés à la fois. Pour mieux défendre Sa Majesté et l’impératrice, ils les avaient fait sortir avec leurs chars. Les mandarins, les gens du palais, le sceau impérial, les archives, ce qui faisait partie du service de l’empereur, tout cela, hommes et choses, fut abandonné et tomba au pouvoir des rebelles.

Le carnage fut effroyable ; les soldats de Ly-Kio et de Kouo-Ssé mirent la ville de Hong-Nong au pillage après l’avoir prise de vive force ; ensuite ils poursuivirent l’empereur que ses deux généraux emmenaient, en le défendant encore, vers le Chen-Pé.

Cependant Yang-Fong et Tong-Tching envoyèrent deux émissaires, l’un auprès des chefs rebelles pour entamer avec eux des négociations, l’autre dans le Ho-Tong (à l’est du fleuve Ho) pour y demander secrètement des secours. Cette dernière mission s’adressait à l’ancien commandant de Pé-Pou, Ly-Yo, ainsi qu’à Han-Sien et à Hou-Tsay ; ils accoururent avec trois divisions pour délivrer l’empereur. Les gens de Ly-Yo étaient tous des bandits des bois et des montagnes ; faute d’autres, il les avait enrôlés. Quand les soldats des trois districts entendirent la voix de l’empereur qui les appelait, en promettant le pardon du passé et des grades pour l’avenir, comment ne seraient-ils pas venus ? Ils arrivèrent donc, et se réunirent aux divisions de Tong-Tching pour reprendre la ville de Hong-Nong. Dans ce temps-là, les deux chefs rebelles, Kouo et Ly, lorsqu’ils