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raient tous les grands. Kia-Hu exhorta aussi Ly-Kio à se calmer et la colère de celui-ci s’apaisa un peu.

Entraîné hors de l’assemblée par Kia-Hu, Hwang-Ly lui dit avec l’accent de l’indignation : « Ly-Kio refuse d’écouter les ordres de Sa Majesté ; il veut faire périr le successeur des Han pour monter sur le trône. — Mais vous, interrompit un conseiller du palais (nommé Hou-Miao), qui avez toujours été bien traité par Ly-Kio, pourquoi donc proférez-vous de semblables paroles ? Prenez garde d’attirer sur votre tête de grands malheurs. — Miao, répondit Hwang-Ly avec amertume, vous jouez à la cour un rôle important, pourquoi ce langage digne d’un courtisan qui flatte le pouvoir ? J’ai par mes ancêtres et par moi-même reçu de grands bienfaits des Han ; je suis admis dans l’intimité du souverain. L’empereur est opprimé, et moi, son serviteur, je dois, jusqu’à la mort, me tenir prêt à le secourir ; quand même ma tête serait mise à prix par Ly-Kio, je l’injurierais encore et toujours. »

Quand il sut le résultat de la mission de Hwang-Fou-Ly et la conversation qu’il avait eue avec Hou-Miao, l’empereur le renvoya au pays de Sy-Liang. La moitié au moins des soldats de Ly-Kio venait de cette contrée ; il s’y trouvait aussi beaucoup de Mongols. Hwang-Ly décria si bien ce général rebelle qu’il traitait de pervers et de traître, que les meilleurs d’entre ses soldats désertèrent sa cause pour se rallier à celle de l’empereur. D’un autre côté, Kia-Hu disait à ces Mongols : « Sa Majesté connaît maintenant votre loyauté, et voilà pourquoi elle vous renvoie dans vos districts ; mais un jour vous serez récompensés richement. » Ces Tartares étaient d’ailleurs fort mécontents de Ly-Kio qui les menait toujours au combat sans leur donner aucun avancement.

Le départ de cet émissaire de la cour avait irrité Ly-Kio ; il dépêcha contre lui (Wang-Tchang) le commandant des gardes qui, connaissant les motifs de fidélité et de reconnaissance envers l’empereur au nom desquels ce mandarin agissait, feignit de ne l’avoir pu rencontrer. Ly-Kio n’y pensa plus.

Cependant, d’après les conseils de Kia-Hu, l’empereur venait de donner à cet ambitieux général dont il était le captif, le grade