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homme est-ce ? Un voleur de chevaux, un esclave, et il voudrait s’égaler à moi ! J’exige qu’il soit châtié, et puisque vous êtes, comme vous le dites, un de mes compatriotes, vous voyez que j’ai pour moi les troupes de Sy-Liang, notre pays commun, et c’est assez pour triompher de mon rival. Il a enlevé les mandarins, et à cause de cela, vous avez été tout d’abord lui faire des avances. Mais Ly-Kio a un grand courage, il sait ce qu’il vaut. »

« Vos idées sont fausses, reprit le commissaire Hwang-Ly ; jadis Heou-Hy, prince du petit royaume de Yu-Kiun, comptant sur son habileté à tirer de l’arc, se crut à l’abri de tout revers de fortune, et cependant il a vu sa puissance détruite. Vous avez sous vos yeux l’exemple récent de Tong-Tcho, le premier ministre. Liu-Pou, qu’il a aimé comme un fils, se révolte, conspire contre lui ; sa tête est portée à la pointe d’un bambou. À quoi lui a servi sa brillante valeur ? Vous, général en chef du premier corps d’armée, qui avez reçu la hache et le sceau du commandement, si vous prenez les lois et la modération pour base de votre conduite, vos fils et vos petits-fils, maîtres du pouvoir, seront à jamais comblés des faveurs impériales ; ils recevront de la cour des dignités et des fiefs, tout le peuple recherchera leur patronage ; maintenant Kouo-Ssé s’est saisi des magistrats, et vous, vous avez enlevé le souverain. Lequel des deux est plus coupable que l’autre ? »


II.[1]


À ces mots, Ly-Kio, plein de rage, porta la main à son glaive et s’écria : « C’est l’empereur qui t’a envoyé pour m’outrager, moi, le premier parmi les grands ; j’abattrai ta tête et je tuerai ton prince : ce sera là un coup de maître digne d’un héros. » Et il voulait le faire périr ; mais un général de cavalerie, Yang-Fong, fit observer que Kouo-Ssé n’était pas soumis encore ; si Ly-Kio massacrait un envoyé de l’empereur, ce serait donner à son rival un prétexte pour lever des troupes auxquelles se rallie-

  1. Vol. I, liv. III, ch. VI, p. 91 du texte chinois.