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pereur. Le petit prince le fit donc appeler, éloigna les gens de sa suite, et le salua les larmes aux yeux. « J’ai mérité la mort, dit Kia-Hu en se prosternant. — Si vous aimez votre empereur, sauvez-lui la vie, répondit le jeune prince. — Telle est, sire, la pensée qui m’occupe uniquement ; mais que Votre Majesté garde le silence, et je mettrai mon plan à exécution. »

L’empereur le remercia de son zèle, et aussitôt entra Ly-Kio, armé d’un poignard à trois tranchants passé dans sa ceinture, d’un sabre suspendu au poignet, et d’un fléau de fer qu’il tenait à la main. Le prince avait pâli, ses officiers se tenaient debout à ses côtés, le cimeterre au poing. « Kouo-Ssé est un homme sans humanité, dit Ly-Kio, il veut s’emparer de Votre Majesté, car déjà il a séquestré les magistrats ; sans moi, vous seriez déjà en son pouvoir comme un captif ! » Pour toute réponse, le jeune prince joignait les mains et s’inclinait. Ly-Kio continua : « Sire, vous êtes un maître sage et vertueux, venez, sortons d’ici. » Et s’adressant aux officiers : « Vous qui vous tenez près du prince le sabre à la main, dit-il, tous jusqu’au dernier vous désirez ma mort. — À l’armée, répondit Kia-Hu, n’est-ce pas l’usage de porter un glaive ?… » Et Ly-Kio rentra en souriant dans sa tente.

Sur ces entrefaites, un mandarin du nom de Hwang-Fou-Ly étant venu faire sa cour, l’empereur, qui connaissait son éloquence persuasive, le chargea de régler les conditions d’un accommodement entre les deux rivaux ; mais Kouo-Ssé, à qui furent faites les premières propositions, répondit : « Que mon rival relâche le prince, et moi, après avoir mis les mandarins en liberté, je les reconduirai à la capitale. »

De là, le commissaire impérial se rendit près de Ly-Kio. « Je suis votre compatriote, dit-il, le Sy-Liang est notre pays à tous les deux ; Sa Majesté m’envoie vous proposer des moyens de conciliation ; Kouo-Ssé a accueilli déjà les ouvertures faites au nom du souverain, et j’attends votre réponse. » Ly-Kio répliqua : « Moi, j’ai acquis de grands mérites en battant Liu-Pou ; pendant quatre ans que j’ai dirigé l’Empire, on y a vu régner le plus grand repos et la plus parfaite union. Mais Kouo-Ssé, quel