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à conquérir le premier rang dans l’Empire, et, à présent que tu es au faîte de la puissance, tu veux te défaire de moi ! Si je ne frappe pas le premier, je périrai victime de tes iniques desseins ! » Déjà, il avait armé ses soldats et voulait attaquer Ly-Kio ; mais celui-ci fut averti du péril par quelques espions. Un peu surpris de l’audace de son rival et transporté de fureur, Ly-Kio rassembla ses propres troupes pour prendre l’offensive. Bientôt, au pied des remparts, on vit des milliers d’hommes, divisés en deux camps, se battre, s’égorger, tout en pillant et égorgeant les citoyens.

Ly-Sien (fils aîné de Ly-Kio) courut avec mille soldats cerner le palais impérial, et il enleva sur trois chars, dans lesquels on les fit monter de force, l’empereur lui-même, l’impératrice et deux grands dignitaires, le conseiller Kia-Hu et le précepteur du prince Tso-Ling. Une troupe d’hommes armés gardait à vue la personne du souverain ; tous les officiers du palais suivaient à pied. Ce triste cortège sortait par la porte dite Heou-Tsay ; Kouo-Ssé le fit attaquer à droite et à gauche ; ses archers tuèrent beaucoup de monde ; mais les troupes que Ly-Kio lança sur eux, en se montrant derrière les chars, forcèrent ceux-ci à se retirer.

Ce fut au milieu des flammes et de la fumée que le jeune souverain, enfermé dans son char, sortit de la capitale ; à peine était-il arrivé au camp de Ly-Kio, que Kouo-Ssé, à la tête de ses troupes, se précipitant au milieu du palais, s’empara de toutes les femmes du harem, mit le feu à l’édifice, pilla le trésor. Alors il comprit que l’empereur avait été enlevé par son rival, et, le lendemain, il se hâta d’aller devant le camp de ce dernier lui présenter le combat. Alors aussi Ly-Kio dirigea immédiatement le char impérial sur la ville de Meï-Ou, si bien fortifiée par Tong-Tcho.

Au sifflement des flèches, le jeune souverain tremblait de tous ses membres ; l’impératrice Fou-Hwang-Heou versait tant de larmes que ses vêtements en étaient mouillés. Ly-Kio, tenant en respect l’armée de Kouo-Ssé et la forçant à reculer, faisait évacuer la cour vers la place forte qu’il s’était choisie pour