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condamné à l’isolement quand il ne découvre plus de fidélité ni de bonne foi dans ses alliés, Liéou-Pey supporte noblement les revers ; rien ne peut le détacher d’une cause juste, mais à jamais perdue. Plus il est abandonné de la fortune et plus il concentre sur lui l’intérêt du récit.

Autour de ces personnages principaux se groupent, s’agitent des seigneurs d’un rang secondaire. Le plus remarquable, c’est Liu-Pou, guerrier violent, impétueux, que la louange enivre, qui assassine ses deux protecteurs, ses deux patrons pour monter en grade, homme d’action, qui fait prospérer les affaires du maître auquel il prête son bras, et ruine les siennes par son incapacité.

Maître absolu du pouvoir, généralissime des armées impériales, premier ministre, Tsao-Tsao songe à pacifier l’Empire, à le ramener à l’unité ancienne. Il sent que le chef d’un grand état doit habiter une ville considérable, ornée de monuments, dont la splendeur soit en rapport avec la puissance suprême représentée par l’empereur. Aussitôt il se décide à transférer une fois encore la résidence de la cour dans le Ho-Nan, comme on replante un arbre souffrant dans le sol d’où il a été déraciné. Là, il fait construire un palais pour l’empereur, de somptueux hôtels pour les grands dignitaires, une salle pour les cérémonies qui se pratiquent en l’honneur des ancêtres. Mais comme tous ces travaux s’exécutaient en son nom, comme il masquait lui-même le trône par l’éclat d’une autorité sans bornes, une conspiration se forma contre lui, dans laquelle entrèrent l’empereur, le frère de l’impératrice, les vieilles familles de la cour, et, enfin, Liéou-Pey. Une esclave injustement châtiée dénonça le