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la paix renaîtra dans l’Empire. — Mais comment nous y prendrons-nous ? » demanda cet empereur de quinze ans. « Sire, le voici, » dit le mandarin, et il développa devant le prince les projets que nous allons suivre.

D’abord Yang-Piéou obtint du jeune souverain un ordre secret en vertu duquel il aborda l’entreprise. De son côté, Tchu-Tsuen chargea sa femme d’aller trouver furtivement l’épouse de Kouo-Ssé et de lui dire ceci : « Madame, le général, votre mari, entretient avec la femme de son collègue, le commandant de la cavalerie, Ly-Kio, des intrigues, des relations fort mystérieuses. — Hélas ! s’écria la femme qui se crut trompée, je m’étonnais de ne point voir rentrer mon mari le soir ; je sais maintenant la cause de ces absences prolongées ! « À quelques jours de là, comme son mari allait à un banquet chez Ly-Kio, elle lui dit : « Votre collègue a un esprit au fond duquel on ne voit pas très-clair ; d’ailleurs, le proverbe est connu : deux héros ne peuvent se maintenir au pouvoir l’un en face de l’autre. Si vous alliez périr empoisonné à la suite d’un de ces festins, que deviendrait votre pauvre femme ? »

Kouo-Ssé ne prit pas trop garde à ces paroles, et le même soir, comme il avait fait rapporter quelques mets du banquet, une petite esclave, envoyée par la femme jalouse, glissa du poison dans l’un des plats. Ce plat n’en fut pas moins servi ; mais quand Kouo-Ssé voulut porter à sa bouche ce mets empoisonné, sa femme l’arrêta : « Ces aliments sont préparés au dehors, il n’est guère prudent de les goûter. Voyons, faisons-en l’essai sur un chien ; si le chien meurt, mes soupçons ne seront-ils pas justifiés ? » L’animal auquel on donna ce mets expira à l’instant, et Kouo-Ssé se trouva convaincu. Une autre fois, après une invitation acceptée chez Ly-Kio, au sortir du palais, il souffrit, la nuit, d’une violente colique. « Vous êtes empoisonné, lui dit sa femme, prenez un remède. » Et elle lui donna un vomitif qui le guérit immédiatement, car il n’était malade que d’avoir un peu trop bu.

Cependant une grande colère s’empara de lui. « Quoi, s’écria-t-il en maudissant son collègue, nous avons travaillé de concert