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ville de Siao-Pey, dit-il à Liu-Pou, il y a des vivres en abondance ; c’est là que je rassemblais mes troupes ; là vous ne manquerez de rien. Faites reposer vos chevaux dans cette place forte, que vos soldats y prennent un peu haleine ; quant à moi, je serai toujours prêt à vous seconder. » Liu-Pou se retira et ne tarda pas à conduire son armée à Siao-Pey. De son côté, Hiuen-Té réprimanda fortement Tchang-Fey de ce qu’il avait montré un zèle trop indiscret.

Mais revenons à Tsao-Tsao. Après avoir pacifié les provinces de Yng-Tchouen, de Ho-Nan et de Chan-Tong, il avait rendu compte de ses succès à l’empereur, qui venait de l’en récompenser par le grade de commandant général de première classe et le titre de prince de Fey-Ting. À cette époque, Ly-Kio s’était nommé lui-même général en chef de la cavalerie, et son collègue Kouo-Ssé avait pris le titre de général de première classe ; ils dirigeaient ensemble les affaires du gouvernement, et personne à la cour n’osait élever la voix contre eux. Seulement le commandant des gardes, Yong-Piéou et le directeur de l’agriculture, Tchu-Tsuen (gouverneur de district lors de la première révolte des Bonnets-Jaunes), avaient fait secrètement à l’empereur Hiao-Hien-Ty les représentations suivantes : « Tsao-Tsao se trouve à la tête d’une armée régulière de quatre cent mille hommes ; autour de lui se sont ralliés cent conseillers militaires et généraux capables ; si Sa Majesté avait à son service un pareil héros, elle pourrait sauver la dynastie et chasser les traîtres ; le bonheur reparaîtrait sur la terre.

« Depuis longtemps, répondit en pleurant le jeune empereur, je suis à la merci de deux ministres qui m’oppriment ; leur conduite est plus odieuse encore que celle de Tong-Tcho ! Mes jours se passent dans une anxiété incessante ! Mais comment faire pour me débarrasser de ce joug ? » Et le petit souverain sanglotait.

« Sire, répliqua Yang-Piéou, votre sujet vous donne un moyen ; armez l’un contre l’autre les deux généraux qui vous oppriment, et appelez Tsao avec ses troupes pour qu’il vous en délivre, pour qu’il purge la cour de ces traîtres et de leurs complices. Ainsi