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CHAPITRE III.


Les deux généraux Ly-Kio et Kouo-Ssé suscitent de nouveaux troubles dans la capitale. Fuite et arrestation de l’empereur.


I.[1]


[Année 195 de J.-C.] Les généraux de Liu-Pou l’ayant rejoint dans sa fuite, il rassembla les débris de son armée et alla camper sur les bords de la mer. À peine vit-il tous ses officiers autour de lui qu’il parla d’entreprendre une nouvelle campagne contre Tsao-Tsao. « Notre ennemi est triomphant, dit Tchin-Kong, il n’est pas temps encore d’aller l’attaquer. Cherchons d’abord un lieu de refuge où nous puissions nous rétablir après ce revers. Une fois reposés, et alors seulement, nous songerons à reprendre les armes. — Mais où aller ? demanda Liu-Pou. — Auprès de Hiuen-Té ; depuis peu il est, dit-on, gouverneur de Su-Tchéou ; allons sous sa protection réparer nos forces abattues, plus tard nous tenterons de nouvelles entreprises avec des chances meilleures. » Liu-Pou suivit ce conseil ; à peine arrivait-il près de Su-Tchéou que des courriers annoncèrent son approche.

Déjà Hiuen-Té, qui le considérait comme un héros, voulait, par honneur, marcher au-devant de lui, mais My-Tcho s’opposait à ce que l’on accueillît le fugitif. « Ce Liu-Pou est un tigre, une panthère, disait-il ; si vous le recevez, il dévorera les habitants. » Toujours doux et humble, Hiuen-Té répondit : « Si Liu-Pou ne s’était pas rendu maître de Yen-Tchéou, comment ce pays aurait-il évité les malheurs qui le menaçaient ! C’est à son

  1. Vol. I, livre III, chap. V, p. 75 du texte chinois.