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Tchang-Leao, Tsang-Pa et Heou-Tching) se trouvaient encore loin de là occupés à enlever des vivres de tous côtés ; car on était au temps de la récolte dans les districts que baigne la rivière Tsy. Au lieu d’attaquer, Tsao se retira à quatre milles de la ville et resta tout un jour campé. Il envoya ses troupes couper le blé pour se nourrir. Ce fut une occasion favorable dont profita Liu-Pou ; instruit de cette inaction, il s’approche des retranchements ennemis et s’assure qu’à la gauche du camp se déploie une forêt impénétrable. Il craint d’abord que cette forêt ne cache un piége, car de son côté Tsao, connaissant le chemin par lequel celui-ci devait s’en retourner, avait dit aux siens d’attacher une bannière à un arbre du bois, afin de le confirmer dans les soupçons qu’il pourrait avoir. En même temps, au fond d’un ruisseau à sec qui régnait tout le long du camp du côté de l’ouest, une division devait être placée en embuscade. Sans aucun doute, Liu-Pou mettrait le feu à la forêt dès le lendemain, et les soldats cachés dans le lit du torrent venant à lui couper la retraite, il serait pris. Une cinquantaine d’hommes seraient laissés par Tsao dans le camp, ils y battraient le tambour à grand bruit, tandis que les enfants faits prisonniers par les soldats, garçons et filles, pousseraient tous des cris tumultueux ; Liu-Pou aurait peur et n’oserait avancer.

En effet, celui-ci consultait Tchin-Kong qui recommandait la prudence avec un ennemi aussi habile que Tsao : « Eh bien ! reprit Liu-Pou, je détruirai par le feu les soldats embusqués ! » Laissant donc la ville sous la garde de ses deux meilleurs officiers (Tchin-Kong et Kao-Chun), il s’avance le lendemain avec toute son armée. La bannière attachée à un arbre l’attire sur ce point, il met le feu aux quatre coins du bois ; mais il n’y avait là personne ! Alors Liu-Pou se tourne contre le camp ; les tambours, les clameurs des enfants, tout ce tapage l’étonne, le laisse indécis ; derrière les retranchements une troupe de soldats se présente ; Liu-Pou les chasse devant lui. Mais, au signal donné par le canon, les soldats cachés derrière le bord du ruisseau se démasquent, et tous les généraux de Tsao se lancent au galop contre Liu-Pou qui les voit en se retournant. Triompher