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dans sa main il porte une lourde masse de fer, avec laquelle il commence l’attaque. Ly-Tien est envoyé contre lui ; mais Tsao-Hong, qui veut avoir tout l’honneur de la victoire, descend de cheval et s’avance le cimeterre au poing. Le combat est longtemps douteux ; la lutte dure plus de deux heures. Enfin Hong, faisant semblant de fuir, attire l’ennemi sur ses pas, puis se détourne brusquement, le frappe de son glaive et lui coupe une jambe. Le rebelle tombe mort.

Ly-Tien, qui s’est précipité au galop sur les lignes des Bonnets-Jaunes, fait leur chef, Hwang-Chao, prisonnier, et les met dans la plus complète déroute. Beaucoup d’entre eux se rendirent ; les armes, les étoffes précieuses, les vivres, tout le butin des rebelles fut la proie du vainqueur. Ho-Y put se sauver avec quelques cavaliers ; entièrement perdu, il voulait se retirer à Kou-Po, quand il fut arrêté derrière les monts par un chef de partisans, homme athlétique et colossal, à la figure martiale, doué d’une force surhumaine. Ho-Y veut tenir tête à cet étranger qui lui barre le chemin ; mais bientôt il est enlevé vivant de dessus son cheval par ce rude adversaire et fait prisonnier. Ceux qui l’accompagnent tombent entre les mains du chef de partisans, qui les charge de liens et les pousse devant lui dans ce village de Kou-Po où ils cherchaient un asile.

Cependant, Tien-Wey qui poursuivait les fuyards, arrive au hameau ; il entend de grandes clameurs, et voyant paraître ce robuste campagnard, il lui crie : « N’es-tu point toi-même un de ces Bonnets-Jaunes ? — Les cent Bonnets-Jaunes qui fuyaient de ce côté, je les ai tous pris vivants et enfermés ici, répond l’inconnu. — Pourquoi ne me les livres-tu pas ? — Si tu veux m’arracher des mains ce précieux cimeterre, reprit le campagnard, je te donnerai mes prisonniers ! » Cette proposition fut mal accueillie par le général victorieux ; il y répondit par une attaque, à laquelle cet homme athlétique opposa une vive résistance. Ce petit combat ayant duré plusieurs heures, les deux adversaires se trouvaient un peu las ; toutefois ils le recommencèrent pour ne le finir qu’avec le jour. Alors, épuisés de fatigue, eux et leurs chevaux, ils se séparèrent.