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reille à celle que témoignaient, dans les anciens jours, les enfants à leurs pères, et il l’aiderait à défendre ses murs jusqu’à la dernière extrémité. Quitter la ville où nous sommes pour prendre Su-Tchéou, c’est abandonner beaucoup pour avoir peu ; risquer la racine pour sauver la branche, changer la paix en périls de guerre ; tout cela vaut la peine d’être pesé ! »

« Mais que faire ? je manque de vivres, dit Tsao. — Seigneur, répliqua Sun-Yo, ce qu’il y a de mieux à faire, c’est d’envoyer votre armée fourrager à l’est, au pays de Tchin-Ty. Depuis Jou-Nan jusqu’à Yng-Tchouen, des bandits de l’espèce des Bonnets-Jaunes, Ho-Y et Hwang-Chao, pillent toute la contrée. Ils ont amassé beaucoup d’or, d’étoffes précieuses et de vivres. Les vaincre n’est pas pour vous une entreprise difficile ; par là vous gagnerez de quoi solder et nourrir vos trois corps d’armée. Et ce sera bien mériter de l’empereur, soulager le peuple dans ses maux, obéir aux volontés du ciel. »

Tsao-Tsao, fort empressé de suivre cet excellent conseil, laissa les villes occupées sous la garde de Hia-Heou-Tun et de Tsao-Jin ; lui-même, au douzième mois il se dirigea vers Tchin-Ty. Ensuite, il arriva à Jou-Nan, et les chefs des Bonnets-Jaunes, Ho-Y et Hwang-Chao, instruits de son approche, marchèrent à sa rencontre. C’était dans les monts Yang-Chan qu’ils avaient rassemblé leur immense armée de cent mille hommes. Elle s’avançait comme un troupeau de loups et de renards, couvrant la campagne sans ordre, sans discipline. Les archers et les arbalétriers lancèrent contre ces bandes leurs flèches et leurs pierres pour les arrêter. Tsao dit aussi à Tien-Wey de sortir des rangs. Celui-ci, armé de sa double lance, paraît sur le front de la ligne, et bientôt il a renversé de cheval le lieutenant de Ho-Y, envoyé pour le combattre.

Tsao profita du moment, et put repousser l’ennemi au-delà des monts, au pied desquels il établit lui-même son camp. Le lendemain eut lieu une nouvelle attaque des brigands, commandés par Hwang-Chao. Un général (du nom de Ho-Man) sort à pied des rangs ; il est de haute taille, sur sa tête brille un casque doré, sur ses épaules une tunique verte de fine soie brochée ;