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affichées pour tranquilliser l’esprit du peuple. De l’autre, Hiuen-Té rendit à Tsao-Kien les derniers devoirs et prit le deuil ainsi que toute l’armée. Après avoir accompli toutes les cérémonies d’usage avec une grande solennité, il offrit avec le sacrifice aux mânes du vieillard un écrit qui disait :

« Hélas ! dans le service de l’empereur, dans le gouvernement de sa principauté, dans le commandement des troupes, quelles grandes vertus il déploya ! Il fut accompli dans tout ce qui fait l’homme de guerre et le mandarin de lettres ! À la plus stricte équité il savait unir la bonté la plus tendre ! Plein de douceur dans le commandement, doué de profondeur dans la réflexion, il a laissé un souvenir cher à son peuple. Gouverneur du Yeou et du Su-Tchéou, il partagea également ses bienfaits. Les peuples étrangers, pareils à des tigres, se civilisent et s’améliorent si le prince leur donne exemple ; les rebelles, plus nombreux que les fourmis, ne rentrent point dans le devoir tant qu’ils n’ont pas un prince à qui obéir. Sa Majesté, qui aime le mérite, accorda un rang élevé à ceux qui en sont doués pour les mettre en lumière ; aussi appela-t-elle Tao-Kien qui vivait retiré à Ly-Yang. On lui conféra à l’instant le grade de général et le titre honorifique de Ngan-Tong (celui qui pacifie les provinces orientales.) Après avoir rétabli la paix dans l’Empire troublé et ramené l’observance des lois anciennes, Tao-Kien ne tarda pas à mourir ; il ne devait pas vivre éternellement. Privé de son soutien, le peuple a senti que des dangers et la pauvreté le menaçaient. En moins de deux mois cinq districts ont été perdus, et nous tous, ses subordonnés, sur qui nous appuierons-nous ? Nos regrets ne peuvent nous rendre celui que nous pleurons, il ne nous reste plus qu’à implorer le ciel. Hélas ! hélas ! »

Tao-Kien était mort à l’âge de soixante-trois ans.

Après la cérémonie funèbre, Hiuen-Té fit inhumer le défunt sur les bords du fleuve Jaune. Ensuite il transmit à l’empereur le testament par lequel Tao-Kien l’instituait son successeur dans le gouvernement de sa province. Pendant ce temps, Tsao-Tsao, retiré à Yen-Tching, apprit ces événements qui n’étaient pas